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Le décryptage éco. Le plan de féminisation du Medef

Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, présente en interne un plan pour réformer le syndicat patronal. Il veut féminiser le Medef qui reste très tres masculin. Le décryptage de Fanny Guinochet (L'Opinion)

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Temps de lecture : 3min
Le logo du Medef. (MAXPPP)

Tout est résumé en un chiffre : 8%. Il y a à peine 8% de femmes à la tête des 70 fédérations professionnelles et des 122 Medef territoriaux, les agences, en quelques sortes, du Medef en région. Ça vous donne une idée de l’État de féminisation du premier syndicat de patrons de France.

Geoffroy Roux de Bézieux, qui est président depuis presque un an maintenant, va proposer au conseil exécutif, c’est-à-dire l’équivalent du gouvernement du Medef, d’adopter une charte pour que de 8% on passe à 30% de femmes d’ici 3 à 4 ans, soit la fin du mandat de Roux de Bézieux.

Une charte incitative pour passer de 8 à 30% de femmes dans les instances du Medef

La charte a des chances d'être adoptée même s’il y a très peu de femmes, là aussi, au conseil exécutif. Elles sont à peine 20% ! Mais cette charte devrait être votée parce qu’elle sera seulement incitative. Elle ne comportera aucune sanction. Pourquoi ne pas être allé jusqu’à proposer la parité ? Geoffroy Roux de Bézieux aurait bien aimé mais, en interne, l’idée a fait tousser quelques vieux barons patronaux.

Pourtant, on aurait pu penser que les choses changeraient : le Medef a été dirigée par une femme, Laurence Parisot, pendant plus de 7 ans, entre 2005 et 2013. Mais les résistances sont fortes, et ce sont toujours les mêmes arguments avancés par les dirigeants : c’est compliqué de trouver des candidates, elles refusent, elles n’ont pas le temps de s’engager… Et Geoffroy Roux de Bézieux a surtout autour de lui des hommes ! Deux vice-présidents, un président délégué, et une seule vice-présidente !

Et il n’y a pas que l’attribution des postes qu’il faut regarder. Quand le Medef est invité dans les rendez-vous importants comme à Matignon, il n’y a souvent aucune femme dans la délégation patronale. Prenez aussi les grandes négociations ou concertations qui se sont tenues ces derniers mois : sur les retraites, le chef de file patronal est un homme. La négociation assurance-chômage, c’était aussi un homme qui en était le négociateur. Tous les sujets importants, dits nobles, comme la fiscalité, les impôts des entreprises, ils restent portés par des hommes.

Les syndicats de salariés également en retard en matière de féminisation des appareils

Aucune centrale syndicale n’est dirigée par une femme. Il y a eu Laurence Parisot, mais il y a aussi eu dans les années 2000 Nicole Notat, qui était présidente de la CFDT, et c’est tout. D’ailleurs, la CFDT est une des rares à avoir imposé l’égalité parfaite dans ses statuts et à s’y tenir. Si on regarde la CGT, qui s’indigne souvent - à raison - des différentiels de salaire entre les hommes et les femmes, et bien ce n’est pas très mixte. Pas mieux pour Force ouvrière. Tous essaient de rectifier le tir, mais les marges de progression sont importantes et les résistances -conscientes ou inconscientes - très fortes.

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