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Fermeture de liaisons aériennes intérieures : "Les aéroports français sont groggys, ça arrive au plus mauvais moment" , alerte leur organisation professionnelle

La suppression de certaines lignes en concurrence avec le TGV représente la perte d'un million de voyageurs affirme Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français. Il demande la mise en place d'une concertation pour le secteur.

Article rédigé par franceinfo
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L'aéroport de Bordeaux Mérignac (Gironde). (CAMILLE HUPPENOIRE / FRANCE-BLEU GIRONDE)

Le gouvernement va fermer les liaisons aériennes intérieures là où existe une alternative en train en moins de 2h30. Cela va concerner dans un premier temps Orly-Bordeaux, Orly-Lyon et Orly-Nantes. Cette décision "arrive au plus mauvais moment", en pleine crise du secteur aérien liée à l'épidémie de coronavirus, a expliqué mardi 23 juin sur franceinfo Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français. "Les aéroports français sont aujourd'hui groggys et ils s'interrogent sur leur capacité à retrouver des liaisons dans les prochains mois", a-t-il poursuivi. Selon Thomas Juin, il faut d'abord chercher à comprendre pourquoi ces lignes sont fréquentées avant de les fermer.

franceinfo : Est-ce que c'est un coup porté au secteur aérien et plus précisément aux aéroports que vous représentez ?

Thomas Juin : Après le choc que l'on vient de subir et qui va être très compliqué pour nous redéployer, on ne peut pas dire que ce soit une très bonne nouvelle, et ça arrive au plus mauvais moment. Les aéroports français sont aujourd'hui groggys et ils s'interrogent sur leur capacité à retrouver des liaisons dans les prochains mois. Donc, même s'il ne s'agit que de quelques liaisons, c'est une annonce qui nous a surpris et qui, surtout, nous conduit à dire au gouvernement de bien évaluer les conséquences avant de prendre une décision qui pourrait être irréversible pour certains territoires.

C'est une perte de combien de voyageurs ?

Ces liaisons représentent à peu près un million de voyageurs, avec une ligne emblématique, la ligne Bordeaux-Orly qui compte 550 000 voyageurs. Ce que je souhaite simplement dire, c'est que la complémentarité avion/TGV est déjà une réalité.

L'essentiel du report modal de l'avion vers le train s'est effectué. Il faut savoir qu'une ligne aérienne qui n'a plus suffisamment de clients, c'est une ligne qui ferme naturellement.

Thomas Juin, président de l'Union des aéroports français

à franceinfo

Ce ne sont pas des lignes subventionnées, donc le report modal a eu lieu là. Supprimer ces lignes aériennes peut avoir des conséquences dommageables, surtout si on ne prend pas le soin d'évaluer auprès des utilisateurs les raisons pour lesquelles ils prenaient ces lignes. Je pense que ce serait important d'interroger ces utilisateurs et je pense notamment à des entreprises qui sont situées autour des aéroports et qui pourraient remettre en cause leur présence, si demain, ces liaisons fermaient.

Des conséquences dommageables jusqu'à quel point ? La disparition de certains aéroports ?

Non, la disparition de ces aéroports qui représentent des millions de passagers n'est pas en jeu. Mais encore une fois, ça va les fragiliser. Au-delà de ça, vous savez, derrière un aéroport, c'est surtout l'intérêt qu'il peut y avoir pour les régions, pour les territoires. 

Si je prends l'exemple de Bordeaux, vous avez un aéroparc qui s'est constitué autour de l'aéroport avec un secteur aéronautique qui s'est développé, ce sont des utilisateurs fréquents de cette liaison qui rejoignent Orly pour des raisons légitimes.

Thomas Juin

à franceinfo

Donc avant de prendre cette décision, ce qu'on demande, c'est que le gouvernement puisse se concerter avec les aéroports concernés, d'une part, et les utilisateurs d'autre part.

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