On s'y emploie. Le low tech, un mouvement qui gagne du terrain dans les entreprises
De plus en plus d'entreprises ménagent des moments et des lieux où sont bannis les outils numériques.
Êtes-vous un peu "low tech", pas très à l'aise avec les nouvelles technologies numériques ? Si oui, vous pourriez bien être dans la dernière tendance qui fait son chemin dans les entreprises : celle d'une limitation des outils numériques pour revenir à plus de simplicité (à noter que le terme low tech ou basse technologie désigne aussi un ensemble de techniques simples, économiques et accessibles visant la sobriété et favorisant la réparation).
Arnaud Gilberton a fondé le cabinet Idoko, il est directeur pédagogique à l'Essec, l'école de commerce. Il met le doigt sur une nouvelle tendance dans certaines entreprises en pointe : celle du "low tech".
franceinfo : le low tech, qu'est-ce que c'est ?
Arnaud Gilberton : c'est un courant de modération et d'usage raisonné des outils digitaux. On a observé dans le monde de l'entreprise une multiplication des outils digitaux, et pour un salarié aujourd'hui, pour partager de l'information, échanger avec ses collègues ou se former, de plus en plus d'actes passent par le digital. Le mouvement des low tech vise à contrebalancer cette tendance pour revenir à des échanges en temps réel et non connectés.
Concrètement ?
Il y a deux types de stratégies. Les stratégies défensives qui consistent à limiter l'envoi des mails ou les limiter après une certaines heure, mais il y a aussi des approches plus créatives qui consistent à créer des espaces et des temps de travail non connectés, donc des réunions avec l'interdiction d'utiliser des outils digitaux et des temps de travail qui vont revaloriser le papier, le crayon, voire le dessin, avec des temps de proximité entre les salariés.
C'est pour les entreprises du numérique ou les autres également ?
C'est une tendance plus présente dans les entreprises du numérique, qu'on a notamment vu émerger en Californie dans des startups, dans des endroits très digitalisés, où on constate les méfaits de l'hyperconnexion, avec une augmentation de la charge mentale, mais elle va impacter des secteurs plus traditionnels.
Ces méfaits, quels sont-ils ?
On parle beaucoup des effets néfastes des écrans sur les enfants, avec des troubles de l'apprentissage, notamment. C'est la même chose pour les adultes et on voit des salariés qui ont du mal à se concentrer, qui sont dérangés en permanence par des notifications, par des mails.
Selon une étude récente un tiers des salariés se sent surchargé par l'information sur le lieu de travail, donc l'enjeu c'est de recréer des temps de calme propices à la concentration et à la créativité. L'enjeu c'est de reprendre la main sur les outils digitaux. Les salariés veulent avoir des relations directes et simples avec leurs managers, leurs responsables RH. À travers le mouvement des low tech il y a un appel à la simplicité.
Il y a une fracture dans l'entreprise ?
Oui, cette fracture existe. Il y a beaucoup d'efforts pour aider les salariés éloignés du monde numérique, mais il faut aussi valoriser des temps non numériques et non digitaux.
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