Téléphone mobile, messagerie, visio : voici la panoplie numérique du futur président de la République
Le chef de l’État dispose de technologies numériques souveraines pour communiquer. Leur nom ? TEOREM, HORUS, ISIS ou Tchap.
Nouveau Monde s'intéresse ce dimanche 10 avril, à l'occasion du premier tour de la présidentielle, aux nombreux outils numériques mis à la disposition du futur chef de l'État.
Le premier outil du président de la République, c’est le réseau : un réseau réservé au gouvernement dont le cœur se trouve dans un bunker sous les Invalides à Paris. Son nom ? ISIS comme “Intranet sécurisé interministériel pour la synergie“ gouvernementale. ISIS permet d’échanger des informations jusqu’au niveau “confidentiel défense“ mais il suppose d’utiliser des PC spéciaux. Leur nombre serait de plusieurs milliers, dispersés sur quelques centaines de sites officiels. Sur ce réseau, se greffe une technologie de visio-conférence sécurisée baptisée HORUS : elle relie l’Élysée, Matignon et plusieurs centres de crise, notamment aux ministères de l’Intérieur et de la Défense.
Deuxième outil : la messagerie. Et là, ça commence à se compliquer. Depuis trois ans, l’État français dispose de son propre équivalent de WhatsApp : Tchap, en hommage à Claude Chappe, l’inventeur du télégraphe optique. Une application souveraine avec des serveurs en France, une technologie maitrisée, sauf à son lancement. En avril 2019, un hacker avait réussi à créer un compte à partir d’une fausse adresse de messagerie de l’Élysée et à s’infiltrer dans des groupes de discussion.
Tchap plutôt que WhatsApp ?
Depuis, Tchap a été largement adopté y compris dans la police et la gendarmerie. Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires l’utilisent. Tchap est également accessible aux parlementaires depuis mai 2020. Pourtant, au sommet de l’État, cette application tricolore qui tourne sur smartphone, tablette et ordinateur n’a pas totalement remplacé WhatsApp qui appartient à Meta-Facebook ou Telegram, d’origine russe. Les réflexes de la vie d’avant sont parfois difficiles à perdre, y compris à l’Elysée.
Le président a également à sa disposition un téléphone ultra-sécurisé : le fameux TEOREM (“téléphone cryptographique pour réseau étatique et militaire“) commandé à Thalès par la Direction générale de l’armement (DGA) au début des années 2000, livré à partir de 2011. C’est un téléphone à clapet dont l’apparence, très marquée par le design des années 1990, joue contre lui, ce qui ne l’empêche pas d’être prisé dans certains cercles car il désigne les personnes les plus stratégiques, et pas seulement parce qu’il est vendu jusqu’à 4.500 € pièce.
TEOREM n’est pas un mobile follement convivial : pas d’appli – leur installation est impossible -, pas de répertoire. Chaque possesseur d’un TEOREM est joignable via un n° à 5 chiffres que les correspondants s’échangent souvent en s’appelant via une ligne fixe avant de continuer en mode sécurisé.
Le scandale Pegasus
Pour toutes ces raisons, le président a longtemps refusé d’en être équipé. Il faut dire qu’un militaire chargé de ses communications sécurisées le suit en permanence en cas de besoin. Le président dispose également d’un smartphone Android classique hautement sécurisé mais on ne sait pas quelle utilisation il en fait réellement.
L’histoire récente montre, en tout cas, qu’il est très difficile de renoncer à son téléphone personnel quand on arrive à l’Élysée. Le scandale Pegasus – du nom de ce logiciel d’espionnage israëlien - a révélé qu’au moins un des deux iPhone personnels du président a été écouté, tout comme ceux de plusieurs ministres.
François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac avaient eux aussi refusé de se séparer de leur téléphone personnel, cible pourtant prioritaire pour les grandes oreilles de la NSA américaine, comme l'avait révélé le Guardian en 2013, mais aussi des Russes et des Chinois. Parmi les 12 candidats à l’élection présidentielle de 2022, tous ou presque utilisent les messageries grand public que sont WhatsApp ou Telegram dont la confidentialité est toujours en question.
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