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Nouveau monde. Comment est programmée la personnalité des assistants virtuels

Les assistants virtuels de nos smartphones semblent avoir parfois des réactions quasi humaines. Nous avons rencontré le “responsable de personnalité” de Cortana, l’assistant virtuel de Microsoft.

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cortana sur Windows Mobile (JC/RF)

Il s’appellent Siri (iPhone), Google Now (Android) ou Cortana (Windows) et ils prennent de plus en plus de place dans nos vies : ce sont les assistants virtuels de nos smartphones et nos ordinateurs (disponibles demain à la maison sur de nouveaux terminaux). En principe, ils ont une fonction utilitaire. On peut leur demander d’envoyer un message, d’effectuer une recherche ou le temps qu’il fera demain. Mais avez-vous remarqué comme ils font preuve parfois de réactions quasi humaines ? Ils peuvent raconter des histoires, chanter des chansons ou répondre avec humour à certaines questions. Derrière ces intelligences artificielles se cachent des intelligences bien réelles.

Un travail de scénariste

Jonathan Foster est “chef de la personnalité” de Cortana, l’assistant virtuel de Microsoft, que l’on trouve sur les ordinateurs et les smartphones sous Windows. Ce professionnel, venu du cinéma et de la télévision, dirige une équipe d’une vingtaine d’auteurs à travers le monde occupés à programmer le comportement de Cortana.“Il s’agit, explique-t-il, de dévélopper une sorte de sensibilité, avec un parti pris : Cortana doit être toujours positif. Attention, positif mais pas naïf”. Ces professionnels doivent anticiper et prévoir quelles questions seront posées par les utilisateurs afin de préparer des réponses adéquates. Ils travaillent comme des scénaristes en développant un personnage pour le cinéma ou la télé. Ce travail a pour but de combler le fossé entre l’homme et la technologie.

Particularismes régionaux

Cependant, la sensibilité émotionnelle et l’humour ne sont pas les mêmes partout dans le monde alors que ces outils ont une couverture planétaire. Par exemple, les célèbres plaisanteries “Monsieur et Madame... ont un fils, comment s’appelle-t-il ?”, très connues et pratiquées en France, n’existent pas aux Etat-unis. Du coup, les “scénaristes” de Cortana font comme à Hollywood : ils utilisent des codes basiques qui fonctionnent partout dans le monde. Il en résulte une personnalité passe-partout, très “mainstream”, et surtout politiquement correct. Pas question de faire de l’humour déplacé. Cependant, dans plusieurs pays, des correspondants adaptent les réactions de Cortana au terrain. Par exemple, la version française est capable de reconnaître la célèbre réplique “T'as de beaux yeux tu sais” alors que cela ne dira rien aux Américains ou aux Chinois. Dans ce cas, l’assistant répond : “Jean Gabin n’aurait pas dit mieux”.

Un confident virtuel

Dans ces conditions, il serait tentant de vouloir se confier à son assistant virtuel comme à un confident en espérant trouver une oreille amicale, comme dans le film "Her" qui raconte l’histoire d’amour du héros avec un assistant virtuel. N’y comptez pas trop. Si l’utilisateur évoque de la tristesse ou des symptomes dépressifs, l’assistant va plutôt l’orienter vers des psychologues dont il dénichera les coordonnées sur le Web. Pour l’instant, les assistant sont incapables de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. Ce n’est pas près d’arriver, selon Jonathan Foster. Celui-ci estime - sans doute histoire de se rassurer sur son avenir professionnel - que l’on “aura toujours besoin d’humains pour donner de la personnalité aux robots”.

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