Nouveau monde. "La robotisation est une bonne nouvelle" selon l’économiste Erwan Tison

Récemment, le fabricant américain Boston Dynamics a présenté un robot manutentionnaire capable de déplacer des colis en entrepôt encore mieux qu’un humain. En Gironde, un supermarché utilise un robot chef de rayon qui surveille l’approvisionnement des rayonnages…

Invité de France Info, Erwan Tison commente ces innovations.

franceinfo : Le "grand remplacement" des travailleurs par les robots a-t-il commencé ?

Erwan Tison : Oui, le remplacement de certains travailleurs a commencé et je pense que c’est une excellente nouvelle ! Le robot Handle de Boston Dynamics, auquel vous faites allusion, qui est capable de déplacer des charges lourdes, est une formidable nouvelle car cela signifie que, potentiellement, d’ici 20 à 30 ans, il n’y aura plus aucun manutentionnaire en France. Ce sera la fin d’une forme au moins de pénibilité au travail.

Mais que vont devenir les manutentionnaires privés d’emploi ?

C’est évidemment la question centrale. Cependant, on considère trop souvent qu’un être humain ne sait faire qu’une seule chose alors que ce n’est évidemment pas le cas. Pour faire face à ce changement, il faut développer le potentiel humain de chacun par la formation professionnelle. Une formation adaptée, souple et accessible est clé.

Les manutentionnaires ne deviendront pas tous des ingénieurs du numérique, ce n’est pas le sujet, mais en revanche, ils pourront tous avoir un autre métier, mobilisant d’autres compétences. Malheureusement, les responsables politiques ne tiennent pas le discours que l’on serait en droit d’attendre à ce sujet car on attend toujours d’eux qu’ils soient dans les protecteurs de l’existant.

L’inventeur de l’assistant vocal Alexa voudrait lui donner un "corps". Est-ce une bonne idée ?

A mon sens, c’est une très mauvaise idée. L’anthropomorphisme absolu que l’on essaye de réaliser avec les machines est très dangereux. Un robot est un outil, au même titre qu’un tournevis ou un marteau. Alexa est faite pour nous plaire et nous enfermer dans une "bulle d’amour" mais il ne faut pas tomber amoureux des robots.