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Nouveau monde. Cambridge Analytica : comment Facebook a laissé filer les données de millions de membres

Retour sur les origines de l'affaire Cambridge Analytica, qui plonge Facebook dans la tourmente. 

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le site de Cambridge Analytica, qui présente ses références dans les campagnes politiques.  (CAPTURE D'ÉCRAN)

L’affaire Cambridge Analytica plonge Facebook dans la tourmente. Comment le réseau social a-t-il pu laisser échapper des données concernant des dizaines de millions d’utilisateurs ? L'affaire met Mark Zuckerberg face à ses responsabilités

Un questionnaire en ligne sur Facebook

Tout commence en 2014 avec un petit jeu sur Facebook, un quiz intitulé "thisisyourdigitallife" (c’est votre vie digitale), proposé par un chercheur en psychologie de l’université de Cambridge, Aleksandr Kogan. L’application est un questionnaire rémunéré. 270 000 membres de Facebook mordent à l’hameçon. En faisant cela, ils autorisent l’accès à certaines de leurs informations personnelles, comme l’endroit où ils habitent ou les contenus qu’ils ont "liké". Ils donnent même accès à des informations concernant certains de leurs "amis" sur Facebook (en fonction des paramètres de confidentialité de ces derniers). Cela permet, au total, au chercheur en psychologie de collecter des informations sur 30 à 50 millions d’utilisateurs américains de Facebook.

Des données transmises à Cambridge Analytica

C’est ensuite qu’intervient la fameuse société britannique de profilage Cambridge Analytica. Le psychologue américain Aleksandr Kogan transmet à Cambridge Analytica les données collectées dans le cadre de son étude. Selon Facebook, celui-ci aurait violé les termes du contrat qui le liait au réseau social. Voilà ce qui aurait alors permis à Cambridge Analytica d’utiliser ces données, concernant la personnalité de millions de membres du réseau social, pour adresser des informations ciblées qui pourraient les avoir incités à voter pour Donald Trump.

Facebook en accusation

Cette affaire semble montrer que Facebook ne protège pas suffisamment les données de ses utilisateurs. Ce qui s’est passé n’est pas une cyberattaque, puisque l’accès aux informations a été octroyé librement. Facebook passe régulièrement des accords permettant à des tiers d’exploiter les données de ses membres. Déjà, en 2012, une étude de psychologie avait été réalisée sur la base d’informations provenant du réseau social sans autorisation des intéressés. Le problème, c’est que les gens qui autorisent l’utilisation de leurs données ignorent souvent à quoi elles vont servir réellement, surtout s’il y a en plus un détournement par des tiers non-autorisés.

>> Comment contrôler les informations que peuvent récupérer les applications sur votre compte Facebook

Facebook s’est-il fait abuser ou bien est-il victime de ses pratiques un peu trop laxistes en matière de protection des données ? En tout cas, des élus, britanniques, d’une part, et américains, d’autre part, souhaitent auditionner le patron du réseau social pour en savoir plus.    

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