Les petites avancées du rapport Lescure
On avait évoqué un Big Bang. Le rapport Lescure sur la culture et le numérique relève plutôt de la petite secousse tellurique.
Hadopi, c'est fini... enfin presque
Alors certes,
il y a cette mesure médiatique : la disparition de la Hadopi, cette usine
à gaz anti-piratage créée sous Nicolas Sarkozy. Mais disparition de
l'institution ne veut pas dire disparition du mécanisme répressif qui
continuera. C'est désormais le CSA qui se chargerait du sale boulot. En homme
de télé, Pierre Lescure trouve peut-être plus logique de mettre Internet sous
la coupe de Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. L'arme de la coupure de
connexion Internet (qui n'a jamais été utilisée en 3 ans d'Hadopi) serait
remplacée par une amende forfaitaire de 60 Euros. Rappelons-le,
il ne s'agit que de propositions remises au Gouvernement qui seront donc
suivies d'effets... ou pas.
Taxation des
appareils connectés
L'autre mesure
choc, c'est celle qui touchera les internautes aux porte-monnaie : une
taxe de 1% sur les appareils connectés pour financer la création. Taxe qui
viendrait s'ajouter à l'actuelle rémunération pour copie privée ainsi qu'à une
taxation du nuage informatique. Les industriels de l'électronique sont fous de
rage. En revanche, le projet de taxe Google n'a pas été retenu.
Timide
assouplissement de la chronologie des médias
Enfin, parmi
ces 80 propositions, certaines concernent l'amélioration de l'offre légale. Par
exemple, pour la vidéo en ligne, le délai entre la sortie d'un film en salle et
sa disponibilité en vidéo à la demande (VOD) serait réduit de 6 à 4 mois. Pour
la vidéo à la demande sur abonnement (SVOD), les films arriveraient 18
mois après leur sortie en salle au lieu de 36 mois aujourd'hui. Cela
suffira-t-il à détourner les internautes des sites pirates où les films sont
disponibles immédiatement ?
Un système
français bloqué ?
Au total, ces
mesures constituent une nouvelle avancée après deux autres rapports du même
genre - le rapport Olivennes en 2007 et le rapport Zelnik en 2010 - mais pas
franchement une révolution. Cela dit, comment les pouvoirs publics pourraient révolutionner
le système dont ils sont les garants ? Le financement de la culture, et
notamment du cinéma, en France est horlogerie fine : Canal+ finance la
création en échange d'exclusivités. C'est ce qui permet au cinéma français
d'exister. Le problème, c'est que cela semble ne plus correspondre vraiment aux
habitudes de consommation des spectateurs du 21ème siècle.
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