Les "Gafam" s'intéressent de plus en plus à notre santé
1,6 million de patients britanniques vont contribuer, sans le savoir, à l’amélioration de la recherche en matière de maladies du foie grâce à l’intelligence artificielle. C’est le magazine New Scientist qui le révèle. Google-Alphabet a signé un accord avec l’administration qui gère trois hôpitaux londoniens pour un vaste programme d’études.
La santé après le jeu de go
Derrière ce programme, on retrouve Deep Mind, la filiale d’Alphabet spécialisée dans l’intelligence artificielle, désormais célèbre pour avoir battu le champion du monde de jeu de go avec le logiciel AlphaGo. AlphaGo ne se contente pas de jouer mais il peut aussi apprendre à soigner. Pour cela, il faut qu’on lui fournisse de la matière, c'est-à-dire des "big datas", des données médicales en grande quantité, afin qu’il les analyse. Grâce au "deep learning" (apprentissage profond), le logiciel apprend, comme un enfant qui ingurgite des connaissances.
Un marché gigantesque
Google n’est pas seul dans cette aventure. IBM a reconverti son logiciel d’intelligence artificielle Watson, qui jouait aux échecs, en expert du cancer. Les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ont de grandes ambitions dans le domaine de la santé. Il faut dire que cela représente un marché potentiel énorme ! A terme, il ne s’agit pas de remplacer les médecins mais de leur fournir des systèmes experts d’aide au diagnostic et à la décision médicale. Par exemple : certains logiciels seraient meilleurs que l’homme pour détecter des fractures sur des radios. Ces programmes sont déjà utilisés, notamment dans des hôpitaux américains et australiens.
Vie privée
Cela pose évidemment des questions liées à la vie privée. L’ombre de Big Brother plane sur la e-santé. En ce qui concerne Google et les hôpitaux britanniques, selon New Scientist, les données des patients ne seraient pas suffisamment anonymisées, contrairement à ce qu’affirme l’administration hospitalière. D’une manière générale, les patients et les médecins ont sans doute beaucoup à gagner de la puissance des algorithmes en matière de santé mais sans doute aussi à perdre si toutes les précautions ne sont pas prises en matière de protection de la vie privée. La difficulté est aussi de distinguer l’intérêt général et l’intérêt individuel : en donnant accès à ses données de santé pour des analyses à grande échelle, on ne voit pas forcément le bénéfice personnel immédiat qu’on peut en tirer. En France, une consultation en ligne sur le sujet vient d’être lancée par le gouvernement sur le site : faire-simple.gouv.fr.
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