Cet article date de plus de dix ans.

Facebook peut-il faire ce qu'il veut de nos données ?

Le réseau social a mené une expérience comportementale sans demander leur avis aux internautes. La colère gronde parmi les utilisateurs.
Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Maxppp)

Lorsque vous vous inscrivez sur Facebook, vous donnez au réseau social le droit de faire à peu près de tout ce qu’il veut avec vos données personnelles. Si, si, c’est marqué, là, en tout petit dans les conditions générales d’utilisation. Vous savez, ce long texte, souvent rédigé dans un jargon juridique incompréhensible, que chacun, bien entendu, s’empresse de dévorer de la première à la dernière ligne avant de cliquer sur OK.

La bonne humeur est-elle contagieuse ?

"L’affaire Facebook du jour" concerne donc une expérience sociologique menée par des chercheurs américains. Ceux-ci voulaient savoir si la bonne humeur et la mauvaise humeur sont contagieuses sur Internet. Autrement dit, lorsque l’on est confronté à des statuts positifs de la part de nos amis (exemple : j’ai passé de bonnes vacances, j’ai une belle maison, etc.), est-ce que l’on a tendance à publier soi-même des contenus positifs ?

Pour s’en rendre compte, les chercheurs ont sélectionné deux groupes d’internautes membres de Facebook. Au premier, ils ont diffusé des bonnes nouvelles et au second des mauvaises. Dans les deux cas, ils ont observé les commentaires. Et ils ont comparé les réactions. Et bien la réponse est oui. Oui, on est influencé par la nature des informations auxquelles on est confronté. A noter que l’expérience date de 2012 mais les résultats viennent seulement d’être publiés dans une revue scientifique américaine.

Le problème, c’est que personne n’a jugé bon d’informer les intéressés. Rien, pas une petite case à cocher pour dire « oui, j’accepte de servir de cobaye pour des expériences de sciences humaines ». Rassurez-vous, cela ne concernait que des internautes américains. Mais n’empêche ! C’est une question de principe qui est aujourd’hui posée : les réseaux sociaux peuvent-ils nous soumettre à tous les stimuli pour observer nos réactions sans crier gare ?

Conforme aux conditions d'utilisation

Si la réponse morale n’est pas évidente à trouver, en revanche, la réponse juridique est simple : c’est oui. C’est indiqué en toutes lettres dans les conditions d’utilisation de Facebook : « Nous utilisons les informations que nous recevons pour des opérations internes incluant le dépannage et la résolution de problèmes, l’analyse de données, les tests, la recherche et l’amélioration du service ».

Il faut dire que tous les services en ligne mènent des tests discrets, par exemple, de mise en page et d’ergonomie pour observer les réactions des internautes. Avec plus d’1 milliard d’utilisateurs, Facebook dispose d’un bel échantillon sous la main. Nous entrons dans l’ère du Big Data et l’on n’a sans doute pas fini de servir de cobayes pour des expériences diverses et variées.

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