Vivre avec le cancer
L'annonce d'un cancer est évidemment une terrible épreuve
pour le patient, mais elle l'est aussi pour ses proches : souffrance de voir
un proche malade, souffrance aussi de ne pas savoir quoi dire ou quoi faire.
Comment se montrer présent et réconforter sans risquer de blesser
davantage ? Les réponses d'Anne-Laure Gannac de Psychologies Magazine .
Le malaise, que l'on ressent face à un proche qui nous
apprend être atteint d'un cancer, est difficilement évitable. Il traduit
la souffrance de voir une personne qu'on aime, avec laquelle on vit,
on est "dans" la vie, la voir soudain basculer de l'autre côté, du
côté de la maladie, avec ce spectre de la mort qui apparaît. Et ce, même si on
veut rester plein d'espoir et même si le diagnostic de gravité est encore à
faire. La maladie, la mort, tout ce à quoi l'on prend soin de ne pas penser,
soudain s'impose dans la réalité et donc vient tout perturber, tous nos
repères, notre routine, notre confiance dans l'existence...
La peur
Certaines personnes n'arrivent pas à dépasser le stade de la peur, quitte à couper les
liens ; parce qu'elles entretiennent elles-mêmes une angoisse de la mort
telle, que cette proximité avec elle, à travers la maladie de l'autre, leur est
insupportable, impossible.
La peur de mal faire, de
blesser l'autre quand on voudrait au contraire le réconforter, est très fréquente. On aimerait pouvoir faire quelque chose, se comporter
parfaitement, sauf que dans cette réalité de la maladie on se heurte à ses
propres limites, à ses peurs comme on le disait, et cela souvent, fait naître
un sentiment de culpabilité. On se sent coupable d'être en bonne santé, de s'amuser,
mais aussi de ne pas être assez présent, ou de l'être mal, de ne pas savoir
comment réagir...
Tout cela parle aussi de l'ambivalence de nos
sentiments : entre l'envie d'être protecteur et de nous préserver, entre
amour et rejet, entre douceur et agressivité... Des sentiments que l'on ne
s'avoue pas toujours, mais qui nous troublent dans notre jugement et notre
capacité d'action.
Le rapport à l'autre
La psychanalyste,
écrivain, Maryse Vaillant décédée très récemment d'un cancer disait : "Le cancer fait
grandir et mûrir ceux qui vous aiment. "
Avec cette remarque, elle venait montrer que
si le cancer est une épreuve c'est au sens le plus riche de ce terme, c'est-à-dire
une expérience qui nous oblige à nous remettre en question et à remettre en
question nos peurs, nos relations, notre affectivité, la façon dont on exprime
nos sentiments.
Il ne faut pas se voiler la face sur leurs peurs, sur leurs
sentiments parfois ambivalents. Ne pas anticiper sur ce que l'on croit être bons
ou pas pour l'autre, mais avant tout d'être à l'écoute du proche malade.
C'est
en l'écoutant, parler ou non de sa maladie, exprimer ou non son sentiment de
solitude, qu'ils comprendront ce dont elle a besoin et ce qu'ils peuvent lui
apporter.
En parler aux enfants
Avec transparence, parce que le secret ou les incertitudes
sont toujours plus inquiétants pour eux. Mais en les rassurant le plus
possible, en les écoutant dire ce qu'ils ressentent.
Il faut faire en
sorte qu'ils soient toujours accompagnés, autant au moment de l'annonce que par
exemple, lors des visites à l'hôpital, parce que ce qui est très perturbant
pour un enfant c'est de voir un adulte en situation de vulnérabilité. Parfois, le fait qu'il puisse compter sur une personne un peu plus extérieure,
moins investie émotionnellement, cela peut être d'un grand soutien pour eux, et
cela peut les aider à parler plus facilement de ce qu'ils ressentent.
Pour aller plus loin :
Des groupes de parole existent pour les
proches de malades, qui sont organisés par la ligue contre le cancer.
Une année singulière avec mon cancer du
sein , de Maryse Vaillant, chez Albin Michel
Vivre ensemble
la maladie d'une proche , du psychiatre et psychanalyste Christophe
Fauré, chez Albin Michel
Le site du psychiatre et psychanalyste Christophe
Fauré
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