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Se réorienter après une première année de médecine ratée

Vous êtes en première année de médecine et vous songez déjà à laisser tomber devant la difficulté ? Avant de céder à la panique, prenez le temps d'examiner les options qui s'offrent à vous dès ce mois de janvier. Faut-il poursuivre jusqu'à la fin du semestre ou tout arrêter, c'est ce que nous allons voir avec Sophie de Tarlé de L'Etudiant.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
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Depuis 2010
la PAES (ou Première année des études de santé) est commune pour les futurs
médecins, sage-femmes, dentistes et pharmaciens. Les étudiants choisissent de
s'inscrire à un ou plusieurs concours. Sachant qu'au final, seuls 25% réussissent à
décrocher une place à l'issue des examens. Pour décrocher une
place en 2e année d'études de santé, il ne faut pas simplement
avoir la moyenne aux examens, il faut être parmi les premiers qui, seuls, auront
des places, en fonction du numerus clausus.

**Le numerus

clausus **

C'est le
nombre de places attribuées en 2ème année dans chaque filière. On
peut très bien avoir eu 11 de moyenne aux examens et ne pas décrocher de place,
parce qu'on n'est pas assez bien classé. On est alors reçu-collé. Si le
numerus claussus est à 130 chez les médecins, il faut être parmi les 130
meilleurs étudiants à l'issue des examens pour espérer avoir une place.

**Est-ce que tous les étudiants peuvent

redoubler ? **

Non, pour
avoir le droit de redoubler, vous ne devez pas figurer dans les 15 %
d'étudiants les plus mal classés de votre fac (ce taux peut varier d'une fac à
l'autre) donc, c'est possible de
redoubler, c'est ce que font les deux tiers des étudiants qui échouent à l'issue de
leur 1ère année. Mais au-delà de deux redoublements, les chances
s'amenuisent considérablement, c'est pourquoi le triplement est rarement
autorisé.

Et redoubler à l'étranger ?

Un certain
nombre d'étudiants français, soit parce qu'ils ont échoué à leur 1ère
année soit d'emblée après leur bac, choisit d'étudier à l'étranger
(notamment en Belgique, en Roumanie, en Espagne). L'avantage, c'est qu'il n'y a
pas de concours au départ, et le diplôme obtenu dans ces pays peut permettre d'exercer
en France mais attention, les études ne sont pas plus faciles pour autant.

Par exemple
beaucoup de jeunes partent en Belgique pour devenir kiné  pour faire face à
l'afflux des demandes désormais les écoles en Belgique recrutent les étudiants
français sur dossier et tirage au sort !

**Si on choisit de rester dans la

filière paramédicale, est-ce qu'on peut par exemple intégrer une école de
kinésithérapie en France après avoir raté sa 1ère année de
médecine ? **

Tout dépend
de l'université dans laquelle on a suivi cette 1ère année :
aujourd'hui dans beaucoup d'universités il faut avoir réussi sa première année de santé pour entrer en Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie.
Donc si on a raté son année, c'est impossible. On peut alors tenter sa chance
dans des écoles qui recrutent hors PACES sur concours spécifique, mais la
sélection est ardue il faut bien s'y préparer.

**Même question pour les écoles

d'infirmières ? **

Des écoles
qui recrutent sur concours, je le rappelle - Il y a une réflexion en cours pour
éventuellement permettre aux étudiants de première année de santé d'être
dispensé des épreuves écrites du concours, mais pour l'instant, rien n'est
décidé -donc, c'est une bonne idée- mais il faudra passer le concours pour
décrocher une place.

**Récemment une école de dentisterie

portugaise a ouvert ses portes dans le sud de la France, c'est une
piste ? **

Attention
avec cette antenne de fac portugaise : elle n'a pas reçu d'autorisation à
former des professionnels qui pourront exercer en France, et la ministre de l'Enseignement
supérieur a donc déposé plainte contre elle. Par ailleurs, elle est très
chère.

**Question très concrète : en

dessous de quelle moyenne aux partiels de janvier mieux vaut-il penser à une réorientation
précoce ?**

Schématiquement,
si le numérus clausus est de 500, et que vous êtes dans les 1000 à 1200
premiers, c'est encore jouable, au-delà, c'est difficile. Si on veut se baser
sur les notes, avec une moyenne qui tourne au dessous de 7/20, mieux vaut
envisager un plan B dès maintenant.

Sachant que
même si la loi oblige les universités à proposer des solutions de
réorientation en cours d'année, toutes ne sont pas au même stade d'avancement
et il faut se renseigner dans sa fac au cas par cas pour connaître les
réorientations possibles en cours d'année, filière par filière.

**Le plan B justement : si on est

décidé à se réorienter, est il possible de le faire dans un secteur non
scientifique comme des études de droit par exemple ?**

Oui et c'est
le choix de beaucoup de recalés qui abandonnent définitivement l'idée d'une
carrière médicale. Heureusement, de plus en plus d'universités ont prévu des
passerelles de ce genre et permettent aux étudiants de suivre des cours
"de rattrapage" qui sous réserve de travailler régulièrement doivent
leur permettre de se préparer pour les partiels de juin dans la nouvelle
discipline qu'ils ont choisie  ainsi ils ne perdent pas une année.

**Et si on veut continuer des études en

sciences ?**

En
biologie, en chimie, par exemple, c'est la réorientation la plus logique après
une 1ère année d'étude de santé et c'est tout à fait possible. Les
étudiants qui sont reçus collés à l'issue des examens de fin d'année, c'est à
dire ceux qui ont eu 10 ou plus de 10 sur 20 de moyenne, on les appelle les
reçus collés,  ont accès de droit à une
L2 de sciences, mais sous réserve qu'il reste des places disponibles dans leur
fac. Donc si vous avez autour de 10 de moyenne aux examens de janvier, ça vaut
le coup de continuer votre année pour la valider et vous réorienter à la
prochaine rentrée sans perdre une année.

Est-ce que c'est possible de se
réorienter vers une prépa pour des écoles d'ingénieurs ou directement dans une
école d'ingénieur ?

Oui c'est
possible et d'autant plus que les écoles d'ingénieurs aiment beaucoup les
étudiants de PACES qui sont travailleurs, méthodiques. Il existe donc de plus
en plus de passerelles entre ces deux mondes. C'est aussi une façon pour les
écoles d'ingénieurs de remplir leurs promotions car toutes ne font pas le
plein. Je rappelle au passage que le passage par une place prépa n'est plus
inévitable pour faire une école d'ingénieurs,

Récemment,
un partenariat dans ce sens a été conclu avec les écoles du réseau Polytech. Le
Projet s'appelle AVOSTTI et il permet donc sous certaines conditions à des
étudiants de 1ère année de santé de réintégrer une école d'ingénieur
sans perdre de temps.

**Et changer radicalement pour faire

des études de lettres ou d'art ? **

Oui c'est
possible mais alors évidemment on va reprendre ses études en 1ère
année de licence et dans les filières où le nombre de places est limité, on
passera après les bacheliers de l'année.

**Des réorientations qui réussissent

bien aux étudiants issus de la 1ère année d'études de
santé mais qui sont peu connues? **

La  licence ingénierie de la santé, ouverte aux
reçus-collés, s'adresse à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la
santé sans être un soignant (dans les universités d'Amiens, de Lille, de
Montpellier ou encore de Nancy).

Et puis aussi
beaucoup de diplômes dans les filières courtes : DUT génie biologique, les
BTS diététique, optique, opticien-lunetier, podo-orthésiste, analyses
biomédicales, écoles d'ostéopathie, formations de préparateur en pharmacie ou
de technicien supérieur en pharmacie industrielle.

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