Sophie de Tarlé vousdonne ses conseils pour réussir cette année essentielle, la première année de médecineLa France manquet-elle de médecins ?Tout dépend où. Les régions du sud, près de la mer, et larégion parisienne ne manquent pas de médecins. Pour les zones rurales, lasituation devient difficile. Selon une enquête de l’ordre des médecins, c’esten Picardie où la situation est la pire, avec 239 médecins seulement pour100.000 habitants, contre 370 en PACA ! Une élue a même pensé faire appelaux vétérinaires, pour pallier le manque de médecins dans les zonesrurales !Les jeunes ne veulentplus devenir médecin ?C’est tout le contraire. Ils n’ont jamais été aussinombreux à vouloir l’être! Mais c’est un décret qui décide chaque année combiend’étudiants peuvent passer en deuxième année. Ce « numerus clausus »existe pour tous les métiers médicaux et paramédicaux. En décembre dernier,Xavier Bertrand, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé a annoncéque le "numerus clausus" serait porté à 8000 en 2012 en médecine. Depuis 2009, lecompteur était bloqué à 7400. L’idée du ministère est de remédier à la pénuriede médecins dans certains territoires, désertés. Une annonce qui pourraitprovoquer un afflux d’étudiants vers ces filières.Justement, n’importequel bachelier peut-il s’inscrire en médecine ? Oui, mais, autant le dire tout de suite, vos chancesde réussite sont nulles sans le bac S. Chimie, statistiques, anatomie, biologiemoléculaire, le programme est dense. Et comprendre ce qu’est un rayon X ougamma nécessite des bases en physique. Autre chose : contrairement à ceque certains lycéens continuent de dire, la spécialité SVT n’est pasrecommandée. En effet, les bacheliers S spécialité SVT peinent plus que lesautres. Pour réussir la 1ère année, il vaut mieux être bon en physique, enchimie et en mathématiques. Mieux vaut opter au lycée pour la spécialité mathsou physique-chimie.Mieux vaut avoir unemention ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus on a eu une mentionau bac, mieux on réussit en médecine. Ce qui est un peu logique quand on yréfléchit. Selonune enquête Paris-VI, pour la première présentation au concours, lesbacheliers S avec mention très bien réussissent à 57,1 %, ceux avec une mentionbien réussissent à 19,1 %, ceux qui ont décroché une mention assez bienréussissent le concours du 1er coup à 6,5 %, pour les bacheliers S qui n’ontpas eu de mention, le taux d’étudiants réussissant le concours chute à 0,5 % ! Rassurez-vous tout de même, les taux montent sensiblement après unredoublement. Comment se passe leconcours depuis la réforme ? La principale révolution de la PAES (1èreannée des études de santé) concerne le concours. À l’issue du 1ersemestre, tous les étudiants en passent un seul et unique. Mais selon lesfilières (médecine,sage-femme, dentaire ou pharmacie),des coefficients différents sont affectés aux matières. Par exemple, l’anatomiepeut être affectée d’un coefficient 4 en médecine et 2 en pharmacie, tandis quela connaissance des médicaments peut avoir un coefficient 4 en médecine et 6 enpharmacie. Ainsi, selon leurs premiers résultats, les étudiants jugent leurniveau et leurs chances pour présenter de un à 4 concours en fin d’année. Ausecond semestre, les étudiants conservent un tronc commun, mais suivent unmodule spécifique à la ou les filière(s) choisie(s).Est-ce que le taux deréussite a évolué depuis cette réforme ? Surprise : le concours le plus sélectif n’est pas celui demédecine. Dans cette filière, les taux de réussite sont compris entre 12 % et24 % (19, 4 % en moyenne), des résultats équivalents à ceux que l’on pouvaittrouver avant la réforme. Les taux de réussite sont bien inférieurs dans lesfilières dentaire et sage-femme : entre 5 % et 10 % en général. Le concours depharmacie est quant à lui nettement plus accessible avec un taux de réussite de27 ,9 %.Faut-il payer unepréparation pour augmenter ses chances de réussite ? Environ 75 % des étudiants demédecine ont recours à une prépaprivée pour se préparer au concours estime l’ANEMF (Association nationale desétudiants en médecine de France). Il s’agit de cours en plus qui vouspermettront de vous entraîner, de bachoter. Il faut compter entre 2000 et 4000€ pour l’année. Certaines universités ont mis en places des tutorats gratuits. Souvent,des "anciens" de deuxième ou troisième année rassemblent les tutorésen amphi pour leur proposer des QCM (questionnaires à choix multiple). Desexercices qu’ils corrigent ensuite collectivement. Malgré quelques petitscouacs, le tutoratreste un bon plan pour s’entraîner. Que faire en casd'échec ?On ne peut redoubler qu’une fois. Et encore, à lacondition d’obtenir certains résultats. Un dispositif de réorientation précocevers une autre filière scientifique est généralement miseen place en fin de premier semestre par les facs. En outre, pour six métiersparamédicaux, les écoles ont le droit de recruter des étudiants issus égalementde PAES (Première Année pour les Etudes de Santé). C'est le cas pour les masseurs-kinésithérapeutes, lespsychomotriciens, les ergothérapeutes, les manipulateurs radio, lespédicures-podologues et les techniciens en analyses médicales. Enfin, rien nevous empêche de bifurquer en école d’ingénieur, voire de changer de voie. AinsiGeorges a passé un concours pour intégrer une école de commerce post-bac… et ilest ravi. Il y a un avenir sans médecine !