L’ouverture à la concurrence dans le trafic ferroviaire
Le 11 décembre 2011, un premier train de voyageurs "non SNCF" circulera sur le réseau français. Le service sera assuré par une nouvelle compagnie, Thello née d’un partenariat entre Véolia, Transdev et Trenitalia, l’équivalent italien de la SNCF, explique Arnaud de Blauwe, rédacteur en chef adjoint du magazine Que Choisir.
L’attaque de l’opérateur privé sera très symbolique puisqu’elle se limite à deux trains quotidiens, Paris-Venise, d’une part et Venise-paris, d’autre part. Ces deux trains circuleront de nuit avec de nombreux arrêts (Dijon, Milan, Vérone…) et le voyage durera 13 heures. Pour ce qui est du prix du billet, il faudra débourser au moins 35 €. Les réservations ouvrent ces jours-ci.
Le nombre de billets proposés à ce tarif-là sera très imité et le prix grimpera ensuite vite. Au final, pas sûr que ce soit plus intéressant que de voyager avec une compagnie aérienne à bas- coûts qui vous amène à destination beaucoup plus vite.
La concurrence reste très limitée.
Cette arrivée timide de la concurrence s'explique par le montant de l’investissement qu’il faut consentir. Des opérateurs concurrents ont ainsi été un peu refroidis par le montant des péages à verser au propriétaire du réseau qui depuis 1997 n’est plus la SNCF mais un établissement public appelé RFF, Réseau ferré de France.
_ Au-delà de ces contraintes financières, il faut bien admettre que l’on a compliqué la tâche des concurrents potentiels afin de protéger la SNCF, en imposant aux nouveaux entrants des règles d’homologation tatillonnes. Il reste que l’extension de la concurrence est inéluctable. En application d’une directive européenne, les trains régionaux (TER) – ce sont les régions qui les fiancent et pour l’instant la SNCF qui les fait rouler – devra être ouverte à la concurrence avant 2019.
Le marché réellement convoité par des opérateurs concurrents de la SNCF, concerne le TGV. Mais en l’état actuel de la réglementation européenne, les opérateurs ne peuvent pas attaquer aussi frontalement la SNCF. A l’heure actuelle, sur le "trafic voyageurs", la concurrence n’est ouverte que sur les liaisons internationales.
_ La concurrence ne se fera pas sur toutes les liaisons TGV. Trente ans après son lancement, on se rend compte que seules quelques lignes comme Paris-Lyon, donc, Paris-Marseille ou Paris-Lille sont réellement rentables.
Tarifs complexes, prix des billets en hausse, retards importants… : les critiques des clients pleuvent sur la SNCF. Mais au final, lorsque la concurrence tournera à plein régime, le consommateur peut-il compter sur une réelle amélioration de l’offre ferroviaire ?
Beaucoup le pensent ou le disent. Mais rien n’est non plus certain.
Remettre en état le réseau, saturé par endroit, va prendre du temps. Les travaux qui vont s’étaler dans le temps, et qui ne font pas bon ménage avec le respect des horaires, auront un impact sur tous les trains, qu’il s’agisse de ceux de la SNCF ou de ceux de ses concurrents.
Vous pouvez afficher un prix de base très intéressant, mais l’assortir d’un tas de services payants et plus ou moins obligatoires qui vient alourdir la facture, comme on l’a vu dans le transport aérien.
La SNCF dit qu’elle n’a pas peur de la concurrence. Et pour cause ! Si elle est attaquée sur une liaison par un opérateur qui propose des prix cassés, elle pourra réagir en surenchérissant. Le problème, c’est qu’elle risque de se rattraper en augmentant le prix des billets de trajets sur laquelle elle n’aura pas de concurrents. Les usagers de ces lignes seront alors un peu les dindons de la farce !
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