Les stages en alternance, une fausse bonne idée ?
Pour commencer, les stages alternants, est-ce que ça a à voir avec les contrats en alternance que le gouvernement souhaite développer ?
Oui et non ! Pour être la plus claire possible je vais peut-être commencer par vous raconter l’histoire de Caroline, qui vient de faire sa rentrée en deuxième année de BTS Communication en alternance. L’année dernière Caroline, son bac en poche a décidé de préparer un BTS en alternance, convaincue qu’elle était de l’intérêt de se former en alternant période en entreprise et période en centre de formation. C’est le principe et l’intérêt des formations en alternance. Elle s’est donc mise en quête d’un contrat en alternance.
Un contrat en alternance, c’est un contrat de travail ?
Oui c’est un contrat de travail avec des périodes de formation, qui donne à l’étudiant le statut de salarié. Il y a 2 types de contrat en alternance, le contrat d’apprentissage, le plus connu, et le contrat de professionnalisation. Dans les 2 cas l’étudiant reçoit un petit salaire et surtout ses frais de scolarité sont intégralement payés par l’entreprise et les différents organismes qui financent l’alternance.
C’est donc très intéressant financièrement ?
Oui et c’est pour cette raison que Caroline s’est inscrite dans une école privée pour y préparer son BTS, en se disant qu’elle n’aurait pas à régler ses frais d’inscription. Le problème c’est qu’elle n’a pas réussi à trouver d’entreprise, et en décembre, soit près de 4 mois après le début des cours, son école lui a dit : « Faute de contrat, soit vous payez l’école, soit vous arrêtez les cours ». Caroline a choisit de rester dans son école et a donc dû s’acquitter de quelques 4.300 € de frais de scolarité.
_ Et faute de contrat en alternance, elle s’est rabattue sur un stage en alternance : c’est le même principe d’alternance entre périodes de formation et périodes en entreprise, mais le statut n’est pas le même et ça change tout.
Quelles sont concrètement les différences entre les stages alternants et les contrats en alternance ?
La plus importante est financière : en stage il faut payer l’école soi-même et on ne touche qu’une indemnité de stage soit dans le cas de Caroline 256 € par mois plus la cantine et les tickets restaurants. En contrat d’alternance elle aurait touché entre 700 et 1000 euros par mois…
_ L’autre grande différence c’est le statut : étudiant versus salarié. Le jeune en contrat d’alternance est un salarié, il a des droits, il cotise pour sa retraite, il bénéficie d’une relative protection contre le licenciement puisqu’il est en CDD, il a des congés payés, et surtout, à le fin de son contrat il peut toucher des allocations chômages. Rien de tout ça pour le stagiaire.
Mais alors quel intérêt de faire un stage en alternance ?
Pour beaucoup d’entreprises l’intérêt est clair : mieux vaut avoir un stagiaire qu’un apprenti, c’est beaucoup plus souple. Côté étudiants tout dépend des finances du jeune : s’il a les moyens de se payer sa formation, un stage peut aussi être très formateur – pour reprendre l’exemple de Caroline elle a remarqué que les missions qui lui ont été confiées en stage étaient parfois plus intéressantes que celles confiées à des camarades de promo en vrai contrat d’alternance.
Est-ce que le cas de Caroline est isolé ?
Loin de là : dans ma classe, sur 35 élèves au début de l’année, 20 ont arrêté les cours faute d’avoir trouvé un contrat en alternance à temps. Cinq, dont elle, ont trouvé un stage qui leur permettra de valider leur année, et seulement 10 ont signé un vrai contrat en alternance. Je précise quand même que tous avaient été prévenus par l’école dès le début de l’année que faute de contrat en alternance il leur faudrait payer les frais de scolarité.
_ Mais j’ai aussi en tête le cas d’un autre étudiant en master recruté à la SNCF en alternance, qui espérait signer un contrat et à qui finalement un stage a été proposé car l’entreprise avait atteint son quota d’alternants.
Est-ce donc si difficile de trouver un contrat ?
Oui hélas, et c’est de plus en plus difficile : cet été le nombre de contrats a chuté, moins 25% de contrats par rapport à l’été 2010. La faute à la crise, qui rend les entreprises frileuses : c’est difficile de s’engager à prendre un apprenti pendant 1, 2 ou 3 ans quand on n’a pas de visibilité à plus de 6 mois sur son carnet de commandes.
_ Et puis il faut avouer aussi qu’un certain nombre d’entreprises n’ont pas envie de s’encombrer avec des apprentis alors qu’elles peuvent recruter avec une grande facilité des stagiaires
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.