"Les enfants mauvais souvenirs" du Rwanda
Au Rwanda, en cent jours d'avril à juin 1994, plus de 800.000
Tutsis et de Hutus modérés ont été assassinés par les Interahamwe, les
tristement célèbres milices hutu.
Le viol comme arme de guerre
Tout le monde ou presque a entendu parler de
ce massacre, mais ce que l'on sait moins c'est que durant ce génocide et les
temps troublés qui suivirent, le viol fut utilisé comme arme de guerre. Ces
femmes ont préféré se murer dans le silence, parce qu'elles avaient honte, parce
que ce qu'elles ont vécu dépassait l'innommable.
En 2006, Jonathan Torgovnik part au Rwanda pour le magazine
Newsweek faire un reportage sur le Sida,
et rencontre Margareth, séropositive et enceinte suite aux viols pendant le
génocide.
C'est ainsi qu'il apprit qu'elles étaient nombreuses à avoir vécu le
même enfer. Ce témoignage le hante et il retourne au Rwanda où il met deux ans
et demi pour arriver à rencontrer 50 de ces femmes et recueillir leur terrible témoignage.
500.000 femmes violées
Une étude de Human Rigths Watch publiée en 2000 avance même
le chiffre effarant de 500.000 femmes violées. Faute de pouvoir avorter, les
survivantes ont dû porter l'enfant de leur bourreau. Ils seraient 20.000 ceux
que l'on appelle les "enfants mauvais souvenirs". Leurs mères les
élèvent, seules, parfois envers et contre toute leur communauté.
Les chefs des milices ont délibérément choisi des hommes
infectés pour qu'ils violent et contaminent des femmes dont la famille a été
massacrée. Aujourd'hui, on estime que 65% des survivantes vivent avec le virus
du Sida. Certaines de ses mères forcées avouent qu'elles n'ont jamais aimé leur
enfant, d'autres ont fini par l'aimer et d'autres l'ont aimé tout de suite, dès
la naissance.
Jonathan Torgovnik a créé une Fondation pour venir en aide à
ces mères et à leurs enfants. Avec moins de 300 euros, il est possible de scolariser un enfant, de le soigner et d'apporter un soutien psychologique aux mères.
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