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Le tabou des femmes incarcérées au Cameroun

Emmanuelle Eyles est allée à la rencontre de femmes incarcérées à la prison centrale de Yaoundé au Cameroun. Le plus grand tabou pour une femme au Cameroun, ce n’est pas le sida, ce n’est pas le meurtre, c’est la prison.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Franceinfo (Franceinfo)

Les prisonnières sont tout simplement rayées de la société camerounaise, on dit à leurs enfants qu’elles sont mortes ou parties à l’étranger et qu’elles ne reviendront jamais. Elles ne représentent que 2% de la population carcérale du pays. Un pourcentage tellement faible que personne n'y prête attention.

Le plus souvent, elles sont innocentes des crimes et des larcins dont on les accuse, mais payent pour leur mari ou leur partenaire qui a pris la fuite. La justice espère qu’une fois la femme arrêtée, le mari  se rendra pour protéger ses enfants qui n’ont plus de mère, mais en général, il ne revient pas et abandonne ses enfants.

80 % des prisonnières qu'a rencontrées Emmanuelle Eyles sont sous les verrous pour les larcins du partenaire et sont ainsi privées de leurs enfants qui sont soit envoyés travailler à la campagne chez une cousine lointaine, soit dans la rue. Mais ces femmes ne vivent pas pour autant dans la haine et la vengeance, et font preuve d'une force impressionnante.

Le jugement a lieu au bout de 3 à 5  ans d'enfermement, avec un avocat commis d’office. Une fois la peine purgée, elles doivent encore payer l’équivalent de 45 euros comme "amende de sortie" et celles qui ne peuvent payer rempilent pour 18 mois.

Leur d’espoir vient du travail de deux associations : Repcam qui signifie Relais Parents Enfants au Cameroun et est dirigé par Claire Ndi Sanba et aussi la fondation Pit Barcardi, lancée par le talentueux rappeur camerounais et dirigé par sa cousine, Tatiana Messi.
Chaque année, pour Noël et la Fête des Mères, elles affrètent des minibus qui sillonnent le pays et vont dans les villages chercher les enfants. Elles ont des bénévoles qui parlent une dizaine de dialectes et savent graisser la patte des chefs de villages pour qu’ils laissent les enfants partir 24h voir leur mère. Des formulaires sont remplis, pour bien prouver qu’il ne s’agit pas d’enlèvement d’enfants et les chefs reçoivent du vin de palme et de l’huile d’arachide

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