Des produits cosmétiques remplis de composants chimiques
Les cosmétiques et les produits d'hygiène contiennent de
nombreux composants chimiques :
conservateurs, anti oxydants, émollients, filtres solaires, etc, explique
Florence Humbert de Que Choisir . Les quantités de ces produits que nous appliquons
sur notre peau au cours de notre vie sont loin d'être négligeables. Si l'on additionne
tous les cosmétiques qu'une femme peut utiliser dans une journée, on arrive
souvent à plus de dix produits qui contiennent des centaines de substances
chimiques différentes et les hommes ne sont pas en reste.
Certains composants des cosmétiques (les parabènes, certains
filtres solaires, etc.) sont suspectés d'avoir des effets hormonaux, même à
très faibles doses. Ce sont des perturbateurs endocriniens. Les sources
d'exposition à ces substances ne se limitent pas aux seuls cosmétiques : on
les retrouve un peu partout dans notre environnement.
Depuis des années de
nombreux chercheurs tirent la sonnette d'alarme sur ces substances qui
seraient en partie responsables de l'augmentation de nombreux troubles et
pathologies (infertilité, cancers
hormono-dépendants, diabète, etc.) observés à travers le monde durant ces
dernières décennies.
Une soixantaine de produits passés au crible
L'UFC-Que Choisir et les autres associations se sont intéressées
à des listes d'ingrédients et sélectionné à une soixantaine de produits
renfermant des perturbateurs endocriniens. Ce sont des produits que l'on
retrouve couramment dans les salles de bains (shampooing, gel douche, lait
corporel, produit de maquillage, etc.).
Un laboratoire spécialisé a dosé ces substances (une
vingtaine de molécules au total), puis des experts ont évalué le risque
inhérent à chacune de ces substances.
Leurs effets en cas
d'exposition cumulée sur les femmes (les plus grosses
consommatrices de produits cosmétiques) sont dévastateurs. De plus leurs fonctions endocriniennes
varient considérablement au cours de leur vie et plus particulièrement pendant
la grossesse, moment où se pose la délicate question de l'exposition du fœtus.
Certains composants ne sont pas cités sur l'étiquette
Les listes d'ingrédients ne sont pas très fiables. On a
retrouvé des substances qui n'étaient pas étiquetées dans trois produits sur 66. A l'inverse, il n'a pas été décelé
certaines substances pourtant listées sur l'étiquetage. Peut-être les
fabricants souhaitent-ils se prémunir au
cas où des impuretés seraient retrouvées dans leurs produits. La nouvelle
réglementation cosmétique qui entre en vigueur le 11 juillet prochain ne
tolèrera plus ces imprécisions. Elle doit aussi obliger les industriels à
remettre aux autorités européennes un dossier détaillé de tous les produits mis
sur le marché.
Pas de quoi s'alarmer
Il existe sur le marché de nombreux produits cosmétiques
exempts de substances indésirables. Le consommateur peut donc faire son choix
en passant au crible les listes d'ingrédients. Il faut éviter certaines
molécules notamment le propylparaben, un conservateur que l'on retrouve dans 38
des 66 cosmétiques testés, et un filtre solaire, l'Ethylhexyl méthoxycinnamate
(OMC). Un antibactérien, le triclosan, se distingue également par ses effets
endocriniens et thyroïdiens, mais il semble heureusement assez rare sur le
marché.
Les produits à rincer (savons, gels douches, shampooings et
après-shampooings) sont a priori les moins préoccupants car leur présence sur
notre épiderme est très fugace. Ils ne sont pas pour autant dénués de molécules
indésirables.
En particulier, des conservateurs et même des filtres UV,
intégrés dans certains savons pour en fixer la couleur ! Les produits
destinés à rester longtemps sur la peau sont ceux qui présentent le plus de
risques potentiels. D'autant que leurs formulations cumulent souvent plusieurs
substances indésirables. Certains cosmétiques utilisés au quotidien comme les
laits corporels, les crèmes pour le visage, ou même les déodorants, affichent
un facteur de protection solaire qui n'est nullement nécessaire dans la vie
courante.
Des connaissances scientifiques insuffisantes
Le rapport publié en janvier dernier par les Nations Unies
sur le sujet est assez alarmant. Selon ce rapport les perturbateurs endocriniens
sont une menace pour la santé humaine et pour l'environnement, et leur impact
pourrait être largement sous-estimé. Cela étant, il est très difficile de
prouver leur impact (car des centaines, voire des milliers de molécules,
d'origine naturelle ou chimique) sont susceptibles d'avoir des effets
hormonaux.
La réglementation actuelle
Les députés européens viennent de s'en inquiéter et
demandent des règles plus strictes. Les directives "pesticides" et "biocides" prévoient de ne plus octroyer d'autorisations aux substances présentant un caractère de perturbateurs endocriniens à
partir du 14 décembre 2013. De leur coté, la directive REACH régule les aspects
généraux de la sécurité de produits. Mais des lacunes persistent dans
l'établissement de critères clairs définissant les perturbateurs endocriniens.
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