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Mise à jour. Michel Erman : "En colère, et alors ?"

L'écrivain et philosophe Michel Erman, autour de "Au bout de la colère : réflexion(s) sur une émotion contemporaine" chez Plon, est l'invité vendredi de la "Mise à jour". 

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'écrivain et philosophe Michel Erman, dans le studio de franceinfo, en janvier 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Depuis une vingtaine d’année, l’écrivain et philosophe Michel Arman explore le côté sombre de nos sentiments. Après la vengeance et la cruauté, il se penche aujourd’hui sur la colère dans un nouvel ouvrage, Au bout de la colère : réflexion(s) sur une émotion contemporaine, paru chez Plon,

Les raisons de la colère contemporaine

Après quelques décennies en sourdine, la colère s’est réinvitée dans nos sociétés jusqu’à devenir l’une des thématiques de la dernière présidentielle. "Tous les candidats pratiquement ont employé le mot colère", souligne Michel Erman. Considérée comme "une émotion répréhensible" il y a encore peu de temps, "la colère semble irriguer depuis une dizaine d'année les psychismes contemporains", remarque le philosophe, qui dans on ouvrage s'interroge sur cette colère, et sur les raisons de son retour dans nos sociétés démocratiques.

Deux motifs lui apparaissent. La crise économique d'abord, celle de la mondialisation, qui a engendré "la colère des laissés-pour-comptes". Une colère "ambivalente", qui a aussi verser "dans le populisme". L'autre raison, c'est le 11-Septembre. "Il a fait passer le monde occidental de l'attente de plus de démocratie  à un monde dans lequel le danger, la violence, la guerre peut revenir", analyse Michel Erman.

Plusieurs formes et utilisations de la colère 

Dans son ouvrage, Michel Erman s'interesse à l'utilisation des émotions, et en l'occurence de la colère, dans le débat politique contemporain. Si la colère est avant tout "l'expression d'une douleur, contre laquelle on ne peut rien", explique le philosophe, "il y a une pratique qui consiste à demander aux gens non pas ce qu'ils veulent pour leur vie, pour la société à venir, mais ce qui les met en colère. Il y a à là au fond pour moi une forme de régression politique qui caractérise le populisme", analyse-t-il.

La colère est l'émotion "la plus archaïque et la plus critiquée". Contrairement à la joie, le coup de foudre ou même le dédain, la colère est jugée "moralement", peut-être parce qu'elle nous plonge finalement "dans les ambiguïtés, les clairs-obscurs de la condition humaine", nous dit Michel Erman, qui identifie deux formes d'expressivité de la colère : la colère qui est "admissible", provoquée par un besoin de "se défendre contre un comportement qui est inadéquat", et la colère qui est "une colère rageuse, qui verse dans la démesure, qui est la colère qui consiste à haïr quelqu'un d'autre".

Sa mise à jour. Si Michel Erman devait faire une mise à jour, que voudrait-il changer dans sa vie ? "Si je devais changer quelque chose en moi, ce serait d'être un petit peu plus maître de mes émotions, mais je ne vous dirai pas lesquels."

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