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Micro européen. Portugal, du redressement à la déception : l’avenir en fa, do ?

15% de chômage, des services publics en ruine, une population âgée n’ayant plus les moyens de se rendre à l’hôpital, des suicides de retraités... Le Portugal dont les électeurs sont appelés à voter demain, dimanche 6 octobre, a été sévèrement touché par la crise mais a su sortir la tête hors de l'eau, et, malgré la précarité sociale, relancer l'emploi et la croissance.

Article rédigé par franceinfo - José Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
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Le drapeau portugais dans le ciel de Lisbonne. (GETTY IMAGES)

Durant sept années, la descente aux enfers du Portugal était rythmée par un air de fado. En somme il n’y avait plus d’espoirs au Portugal, parce qu’il fallait aussi rembourser la dette, et au FMI, et à l’Union européenne, donc "oubliez le Portugal" aurait pu être un slogan.

Retraités de tous les pays, venez chez nous !

Mais le Portugal ne voulait pas sombrer sans donner le dernier coup de rein. Aussi, il y eut peut-être la recette miracle, faire venir les retraités européens au Portugal, dont la météorologie était plus clémente qu’en Allemagne ou en Scandinavie. Et le paquet cadeau était accompagné d’un bonus, exonération d’impôts pendant 10 ans. I

l en allait de même pour l’immobilier, vendu à celles et ceux qui voulaient aussi s’installer au Portugal, retraités ou pas. Ainsi, Lisbonne était prise d’assaut, et certains Lisboètes se considéraient comme figurants utiles dans la ville, pour y garder une touche lusitanienne ; sans parler des logements Airbnb pullulants, les locations touristiques ayant augmenté de 3 000% en 10 ans… Enfin, les start-up étaient aussi très souhaitées sur les rives du Tage, fiscalité oblige.

2015, l’année du redressement

Il n’y a pas que des miracles à Milan, à Lisbonne aussi. À l’arrivée au pouvoir du socialiste Antonio Costa, s’alliant avec le parti communiste et l’extrême gauche, le premier ministre socialiste met en place des mesures sociales inédites tout en remboursant la dette. En résumé, on rembourse à l’extérieur, c’est cher, très cher ; on augmente le SMIC, les pensions de retraites, et le chômage passe à son plus bas niveau 6,5%. La croissance économique portugaise devient un exemple en Europe, mais à quel prix ?

Malgré la paupérisation, le Portugal relevait la tête, il l’a sortait même hors de l’eau. Alors, soit Monsieur Costa était un génie, soit un apprenti sorcier. Pour les uns, c’était la première version, parce qu’ils font partie de la classe privilégiée qui bénéficie des largesses de ce gouvernement. Quant aux autres, ils n’avaient même pas le temps de se demander si l'apprenti sorcier était leur chef du gouvernement, ils préféraient trouver du travail pour nourrir leurs familles.

Ce dimanche 6 octobre, élections législatives aux Portugal

Plus personne ne doute de la victoire d’Antonio Costa, tant les conservateurs sont en capilotade. Mais avec qui gouvernera-t-il ? Les communistes et l’extrême gauche, les "animalistes", mouvement bobo urbain mi-vegan, mi- opportuniste. Ou seul, ayant une majorité suffisante. En fait, ce sera une victoire en demi-teinte parce que la colère et l’insatisfaction monte et grimpe au Portugal.

Les Portugais souhaitent retrouver leurs services publics, que leurs trains à grande vitesse soient réparés, que leurs universités soient sauvées, que les hôpitaux retrouvent leur mission de service public. C’est aussi le cri du désespoir quand les jeunes ne peuvent plus se loger, que leurs grands-parents sont expulsés, alors que le gouvernement Costa ouvre grands les bras au tourisme, à la spéculation, à l’investissement étranger, sans parler des avantages fiscaux dans ce secteur, surtout. En somme pour Antonio Costa, tout était bon, du moment que cela soit sonnant et trébuchant. Sonnant pour les uns, regardant trébucher les autres.

Et après le 6 octobre, la fièvre ?

Le résultat des élections n’arrangera rien au Portugal, même si Antonio Costa les remporte. Aussi bizarre que celui puisse paraître, le socialiste élu connaîtra peut-être sa plus grande vague de contestation au sein du pays. Parce que les Portugais n’en peuvent plus du travail précaire, des logements précaires, voire bidons ville.

De la précarité sociale, le Portugal vit aussi une précarité intellectuelle, et le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, qui n’a pas son mot à dire, ce conservateur qui connaît mieux que quiconque l’action du secteur privé dans son pays, véritable submersion de l’économie portugaise au grand bénéfice d’investisseurs sans âmes, Rebelo de Sousa sera au balcon quand Costa devra faire face à une crise sociale qui s’annonce très dure dans les mois à venir. Mais ce n’est pas pour autant que cela fera le jeu de la droite portugaise, qui, comme la droite française, a bien du mal à se recomposer, peut-être faudrait-il qu’elles sachent déjà se composer.

Quant au Portugal, il lui faudra autant prendre en compte les aspirations de son peuple, que les effets d’une conjoncture internationale bien difficile, et pour le moins anxiogène.  

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