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Micro européen. L’Europe et le marché de l’art, un monde méconnu

Malgré la crise sanitaire liée au Covid-19, la Tefaf de Maastricht aux Pays-Bas, la 33e foire de l'art hollandaise est maintenue jusqu'au 15 mars. Le Salon du Dessin, de Drawing Now sont également maintenus à ce stade mais Art Paris vient de reporter sa foire au mois de mai. Des foires qui témoignent de l'impact du monde de l'art et de son marché en Europe : un monde méconnu partageant valeurs culturelles et valeurs économiques. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un visiteur devant le tableau de Vincent van Gogh, "Paysanne devant une chaumière", à la plus grande foire d'antiquité au monde, la Tefaf de Maastricht aux Pays-Bas, ouverte jusqu'au 15 mars 2020.   (EPA)

Rarement le marché et le monde de l’art sont évoqués, tant les arcanes de cette société semblent réservés à des initiés, avertis et/ou éclairés. Il n’en reste pas moins que ce marché mondial sur le continent européen - des musées aux fondations, en passant par les galeries et les marchands, donc les acheteurs - participe aux politiques européennes culturelles, et bien évidemment au développement économique du continent européen.

C’est la raison pour laquelle notre invité est aujourd’hui Gert Luijten, directeur de la Fondation Custodia à Paris, afin de nous éclairer sur les échanges entre musées, en vue de rétrospectives ou d’expositions, qui sont une vitrine, car derrière le rideau existe une société de l’art pourvue d’assureurs, d’experts, de juristes, de transporteurs inconnus du grand public.

Un marché tributaire des foires de l’art  

Et puis il y a le marché proprement dit, où agissent vendeurs et acheteurs, acheteurs publics ou privés, qui se retrouvent souvent lors de foires de l’art, telle la Tefaf, la Foire européenne de l’art à Maastricht. La Tefaf est une fondation à but non lucratif qui défend les savoir-faire experts et la diversité au sein du monde de l’art. Ici, la Tefaf œuvre au service des collectionneurs privés et institutionnels, sachant inspirer les amateurs d’art de tous horizons.

Pour sa 33e édition, cette grande foire mondiale ouvre ses portes au public ce samedi 7 mars et les fermera le 15 mars prochain. Tableaux de maîtres anciens ou modernes, sculpture antique, design, art tribal ou joaillerie, cette édition promet un voyage dans 7 000 ans d'art, et cette année, ce sont les galeristes et antiquaires français qui sont mis à l’honneur, avec une précision de taille, comme nous l’a expliqué Gert Luijten, ici les acheteurs sont assurés que l’œuvre choisie a été contrôlée et autorisée à la vente par un groupe d’experts indépendants.

Les foires d’art telle la Tefaf, sont un élément central du marché mondial de l’art puisque les derniers chiffres font apparaître que la valeur totale des ventes mondiales des marchands, réalisées dans les foires d'art, a augmenté de moins de 30% en 2010 à 46% en 2018.

Quelle sécurité face aux œuvres ?

Gert Luijten a d’ailleurs fait état d’un site internet majeur concernant le marché de l’art qui est Artfacts.net, un site utilisé par les professionnels afin de connaître précisément la valeur d’une œuvre, puisque les œuvres y sont répertoriées, mais aussi ce site, que l’on peut considérer comme un baromètre du monde de l’art, permet d’obtenir des projections quant aux réalités de ce monde.

Ainsi, Artfacts.net signale que la part des femmes dans les expositions mondiales est passée de 25% en 2000 à 33% en 2018, et, aux derniers chiffres, le marché de l’art employait directement environ trois millions de personnes en 2018 - avec environ 310.700 entreprises opérant dans le monde du marché de l'art, des antiquités et des objets de collection. 

Des chiffres à la hausse

En 2019, le marché mondial de l'art a atteint son deuxième plus haut niveau en 10 ans. C’est ce qu’explique le site spécialisé art.basel.com, où l’économiste culturelle, la docteure Clare McAndrew, présente un rapport faisant état de données sur le marché de l’art dans le monde. Clare McAndrew qui est aussi la fondatrice de Arts Economics, un cabinet de consultation et de recherche dédié à l’économie de l’art, nous informe que le marché mondial de l'art en 2018 a progressé de 6% pour atteindre environ 67,4 milliards de dollars, avec, aux premières places, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine. 

L’art en ligne

Mais un autre type de marché s’est ouvert avec les nouvelles technologies, la vente en ligne, qui a atteint un nouveau sommet estimé à 6 milliards de dollars en 2018, soit une hausse de 11% sur un an et qui représente 9% de la valeur des ventes mondiales. Dans le même rapport, Clare McAndrew signale que ce secteur de la vente en ligne concerne le  Royaume-Uni, l’Allemagne, Singapour, Hong Kong et le Japon, avec pour corollaire l’âge moyen de l’acheteur, qui varie de 40 à 50 ans minimum.

Ainsi ce marché et monde l’art, bien que discret, est un pilier souvent inconnu tant de l’économie européenne et internationale, et un levier pour les musées et fondations où travaillent une société tout aussi discrète mais dynamique, permettant au grand public d’admirer des œuvres internationales dans les expositions et rétrospectives, telles celle de la Fondation Custodia dédiée à Studi & Schizzi ou Dessiner la figure en Italie jusqu’au 10 mai 2020, au 121 rue de Lille, à Paris.

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