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Micro européen. La sérénité norvégienne égratignée

Préoccupations au pays des Trolls

Article rédigé par franceinfo - José Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Maisons traditionnelles de pêcheurs, à Svolvaer, dans les îles Lofoten, en Norvège.  (GETTY IMAGES)

Si la Norvège a inauguré le premier restaurant sous-marin d’Europe, où les convives peuvent admirer les fonds marins depuis ce bâtiment plongé dans la mer, mais accessible depuis la Terre et dont les places sont réservées jusqu’en septembre 2019, ce riche pays du nord de l’Europe se prépare à un futur, peut-être moins agréable qu’il fut naguère, comme nous l’explique la journaliste norvégienne Vibeke Knoop-Rachline.

La parité hommes-femmes n’est plus un débat

Le combat pour la parité n’existe plus en Norvège. Les femmes ont investi les secteurs masculins, et aujourd’hui les hommes sont invités à choisir des métiers féminins, ainsi la mixité est visible dans les crêches ou le secteur de la santé. Mais la Norvège, si prompte à présenter ses avancées sociales, voire humaniste, se trouve aujourd’hui, comme la Suède voisine, face à un phénomène qui lui était méconnu, les violences migratoires.

L’insécurité grandit en Norvège

Depuis que la Norvège a ouvert ses portes aux migrants, le pays constate une forte évolution d’actes de violence. Le chef de la police d’Oslo, la capitale, fait état d’une grande préoccupation concernant ces actes de violence commis en Norvège. A travers une enquête d’une chaîne de télévision norvégienne, si les immigrés ne représentent que 33% de la population d’Oslo, ils sont reconnus coupables selon "Statistic Norway", le bureau central des statistiques de Norvège créé en 1876,  de 70% des actes de violences graves en 2018. Ainsi la Norvège découvre les problèmes d’immigration en même temps qu’elle doit faire face à de nombreux soucis quant à son avenir.

L’inquiétude pétrolière norvégienne

Grâce à son pétrole, la Norvège possède le plus gros fonds souverain au monde, 1000 milliards de dollars, soit les bénéfices de sa production de pétrole et de gaz. Plus gros producteur d'hydrocarbures de l’Europe de l’Ouest, le pétrole et le gaz naturel enrichissent ce fond souverain, véritable bas de laine pour le pays et l’Etat qui peut se servir pour le financement de son budget. Seulement la Norvège est inquiète. Tout d’abord  face au recul du prix du pétrole, le gouvernement norvégien a décidé de se désengager des compagnies pétrolières, car il craint une certaine vulnérabilité face au marché international. Un rude coup porté aux compagnies pétrolières d’exploration et de production. Mais la Norvège s’inquiète aussi de la baisse de ses réserves de pétrole ; elle cherche donc une reconversion rapide afin de pallier au manque de son "or noir", même si toutefois son fond souverain est très bien géré, soit, comme on dit en français, "en bon père de famille". Après la fin du pétrole, la Norvège pourra continuer à compter sur sa production de gaz et de pêche, entre autre le cabillaud. Mais d’autres nuages viennent assombrir le pays des fjords.

Le Brexit trouble la Norvège

Si la Norvège garde une bonne position au sein de l’Espace Economique Européen, voisinant avec l’Islande son concurrent halieutique, elle n’en reste pas moins inquiète quant au Brexit. En effet, il y aurait de fortes chances que ce dernier se conclue par l’arrivée du Royaume Uni dans l’Espace Economique Européen. Ainsi la Norvège devrait siéger aux côtés du Royaume Uni, autre compétiteur de pétrole et de pêche. Pour l‘instant rien n’est fait, mais le dernier arrangement conclu par le Royaume Uni, afin que les entreprises britanniques continuent à commercer avec l’Islande et la Norvège en accédant à l’Espace Economique Européen dans le cas d’une sortie de l’UE sans accord, soulève quelques tracas à Oslo.

L’épine de glace inévitable

Enfin, si la prochaine Présidence du Conseil de l’Arctique, dont la Norvège est un des huit états membres, va bientôt revenir à l’Islande, les récentes déclarations du Secrétaire d’Etat Américain Michaël Pompeo, devant les officiels islandais à Reykjavik, réaffirment une position nord-américaine en Arctique face à la Russie, en utilisant l’Islande à cet effet. Depuis, on reparle de l’Arctique Est et de l’Arctique Ouest ; Est sous influence russe et Ouest sous influence américaine, avec un nouvel acteur maritime, la Chine. La Norvège ayant une frontière  terrestre, Mourmansk, et maritime, la mer de Barents, avec la Russie, Oslo se trouve face à un jeu géopolitique et géostratégique qu’elle ne pourra éviter. Quant à la Chine, nouvel acteur maritime de l’Arctique, la Norvège pourrait ne pas profiter de la manne chinoise qui lui préférerait les ports islandais. Ainsi, la riche et paisible Norvège est en train, doucement, mais sûrement de sortir de son long songe qui ne dura pas qu’une nuit d’été.    

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