Micro européen. L'Espagne a voté trois fois
L'exception espagnole : c’est à un triple scrutin qu’étaient appelés les Espagnols dimanche dernier.
Dimanche dernier, les Espagnols ont voté trois fois. En effet, ils et elles ont voté pour élire leur représentants aux élections municipales, régionales et européennes. Ce n’est pas un cas unique puisque les Grecs ont aussi voté triplement ce même jour.
Si en France les bureaux de vote pour les européennes ont connu pour certains des problèmes d’organisation tardifs, l’exemple espagnol ou grec est un exemple d’organisation électorale en Europe. Quant aux électeurs espagnols ils ont eu le choix de voter dans l’ordre qu’ils voulaient ou encore éviter de voter pour un ou deux scrutins. Quant au dépouillement, il a été fort long puisque qu’il a commencé par les urnes européennes, puis régionales et enfin municipales.
Le Grand gagnant
Grand vainqueur des élections législatives du 28 avril dernier, le socialiste Pedro Sánchez est aujourd’hui le grand gagnant des élections européennes, municipales et régionales en Espagne. Si le Parti Populaire, les conservateurs, est en net recul, les libéraux de Ciudadanos confirment leur ascension sans oublier la présence du parti nationaliste Vox, apparu aux élections générales d’avril, et qui joue toujours et encore le rôle de l’incontournable pour la droite espagnole.
Ainsi le PSOE avec 33% des voix remporte 20 sièges au parlement européen, le Parti Populaire, conservateur, 20% des voix, 12 sièges, Ciudadanos 12%, 7 sièges, Podemos la gauche extrême 10%, 6 sièges, et Vox les nationalistes, 6%, 3 sièges. En revanche aucune victoire écologiste en Espagne. Quant aux petits partis, la coalition de gauche des partis nationalistes catalans, basques et galiciens passe les 5% et gagne 3 sièges, en dernier la liste indépendantiste catalane "Libres pour l'Europe" remporte 2 sièges avec 4,6% des voix.
Le PSOE, première force politique en Espagne
S’il est vrai que les socialistes espagnols sont arrivés en tête sur le plan national, confirmant leur victoire des législatives d’avril, au niveau municipal, ils ne sont pas arrivés à remporter les mairies de Madrid et de Barcelone.
À Madrid le conservateur José Luis Martinez-Almeida a emporté l'hôtel de ville, sans oublier qu’il doit aussi sa victoire aux libéraux de Ciudadanos et des nationalistes de Vox.
À Barcelone, la municipalité de la capitale catalane est aujourd’hui aux mains des indépendantistes d’Ernest Maragall. Pour Manuel Valls, l’ancien Premier ministre français qui briguait la municipalité de Barcelone, sa défaite est cuisante.
Au niveau européen, les socialistes espagnols sont aussi la première force politique espagnole
Les résultats des élections régionales, des 17 parlements régionaux, la Catalogne avait voté en fin 2017 avec la victoire des indépendantistes et de Ciudadanos, les élections anticipées de février dernier en Andalousie avaient vu Ciudadanos remporter les élections avec l’appui de Vox.
Depuis dimanche dernier les 12 autres parlements des régions autonomes étaient renouvelés avec le PSOE avec une légère avance, une incertitude pour l’Aragon et une majorité pour La Rioja, la Castille-Leon. Enfin, les élections municipales, le Parti Populaire remporte plus de villes que le PSOE. En revanche, l’allié de gauche radicale Podemos n’est pas à la fête.
Le Grand perdant
Le grand perdant de ces élections est le parti de gauche radicale, Podemos, né du mouvement des "indignés" anti-austérité et antisystème, des années 2010, et qui avait connu une ascension fulgurante et conquis en 2015 les plus grandes villes d’Espagne. Podemos a perdu ces municipalités comme Madrid, Barcelone, Saragosse, Saint-Jacques-de-Compostelle, la Corogne, conquises avec les autres mouvements de gauche ou de gauche radicale.
La défaite de Podemos tant aux municipales qu’aux régionales ou aux européennes fait dire aux experts qu’il s’agit d’une défaite humiliante semblable à celles des partis de gauche extrême dans l’Union européenne. Bien que l’Espagne ait confirmé sa couleur socialiste majoritaire, la question catalane n’est pas réglée, surtout concernant les séparatistes catalans toujours emprisonnés. L’incarcération des indépendantistes avaient été l’œuvre du Parti Populaire de Mariano Rajoy, rien n’a bougé avec l’arrivée des socialistes.
Le parquet de la Cour suprême d'Espagne maintient l'accusation de rébellion contre neuf séparatistes
Le ministère public requiert 25 ans de prison pour rébellion à Oriol Junqueras, ex vice-président du gouvernement de Catalogne, 17 ans de prison pour l’ex-présidente du gouvernement catalan, Carme Forcadell, aussi pour Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, deux dirigeants d’associations séparatistes, et 16 ans de prison pour les ministres catalans Dolors Bassa, Joaquim Forn, Raül Romeva, Josep Rull et Jordi Turull.
C’est le 12 juin prochain que devraient se terminer les audiences de ce procès historique pour la démocratie espagnole, grand débat, c’est la première fois qu’un état membre de l’Union européenne a emprisonné des élus tant régionaux qu’européens, faisant d’elles et d’eux des élus emprisonnés ou des prisonniers politiques.
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