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Les Grecs en veulent à leur gouvernement après le drame ferroviaire du 28 février

Retour sur la colère en Grèce, après la collision de train qui a fait 57 morts dont de nombreux étudiants. Les manifestations se succèdent dans le pays, et il y a souvent entre des heurts avec la police.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Manifestation dans les rues d'Athènes, le 8 mars. Les Grecs crient leur colère contre leurs dirigeants, après l'accident de train qui a fait 57 morts et de nombreux disparus. (SOCRATES BALTAGIANNIS / DPA / MAXPPP)

Pour dresser un état des lieux de la tension en Grèce, après l'accident de train du 28 février dernier, José-Manuel Lamarque reçoit Maria Denaxa, journaliste grecque. Elle évoque la manière dont ce drame a ébranlé le pays tout entier.

franceinfo : Pourquoi les Grecs sont-ils autant en colère ?

Maria Denaxa : Nous parlons de 57 morts, et d'un nombre inconnu de personnes disparues que le gouvernement grec tente de cacher. Ce drame survient après des années d'avertissements de la part des cheminots sur la dangerosité du réseau ferroviaire. Les autorités n’ont pas suffisamment réagi pour sécuriser et moderniser le rail en Grèce. Elles disposaient de 7 milliards d'euros pour le faire. Où est passé cet argent ? Pire, elles connaissaient le mauvais état du réseau puisqu'elles ont fait adopter récemment un amendement qui prévoit que, en cas d'accident, les familles de victimes ne seront pas indemnisées. Les gouvernants savaient donc que, tôt ou tard, une telle tragédie surviendrait.

Ce drame révèle-t-il les carences de l'État grec depuis la crise de 2009 avec les programmes de sauvetage de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ?

Bien sûr, cette catastrophe ramène la Grèce aux pires années de la crise financière, entre 2009 et 2018, quand de nombreuses coupes budgétaires ont été effectuées dans le secteur public, par exemple les réseaux ferroviaires. Le gouvernement grec a une responsabilité, tout comme l'Union européenne, en réclamant le démantèlement et la privatisation des chemins de fer. On a vu ces derniers jours madame Ursula von der Leyen donner des conseils au gouvernement grec pour résoudre les problèmes que l'Europe a elle-mêmes créés par les politiques qui nous ont été imposées. Ainsi les chemins de fer ont été vendus à une société italienne qui, à l'heure où on parle, ne s'est jamais positionnée. On ne sait pas où se trouvent les responsables. C'est une véritable honte.

Par exemple, le chef de la gare de Larissa, où a eu lieu ce tragique accident, n'était pas un cheminot et il était à peine formé ?

C'est vrai, il a été placé là alors qu'il travaillait au ministère de l'Éducation. Cette personne-là n'avait aucune expérience pour tenir un tel poste, or elle y a été mise par un clientélisme des partis politiques.

Les élections législatives ont été repoussées en mai prochain. Qu'en attendent les Grecs ?

Rien, c'est fini pour eux. Voilà pourquoi les manifestations se multiplient partout. Les gens n'iront pas voter, ils ne savent plus pour qui voter d'ailleurs, ils ont perdu tout confiance dans la classe politique et dans l'Union européenne. Aucun parti, ni de droite, ni de gauche, ne pourra être efficace et résoudre les problèmes graves que connait la Grèce.

Aucune personnalité ne sort du lot ? Tout le monde est dans le même panier, pour les Grecs ?

Même si certains essayaient de proposer quelque chose pour s'en sortir, le système fera tout pour les noyer. On ne sait plus à qui ou à quoi s'accrocher pour sauver le pays, pour nous sauver nous-mêmes. Il y a vraiment une grande colère envers les dirigeants grecs et envers l'Europe. Beaucoup de mes concitoyens rêvent de réagir comme les Français face à la réforme des retraites, de se mobiliser en masse, en se disant que c'est l'exemple à suivre.

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