Espagne : Les élections provinciales en Espagne gomment-elles les élections européennes ?
Dimanche dernier en Espagne, le 21 avril, le Pays basque s'est rendu aux urnes et le Parti nationaliste basque, le PNV, c'est à dire le centre droit régionaliste, a été talonné par Bildu, le parti indépendantiste autonomiste. Décryptage de ces élections régionales avec Juan Jose Dorado, journaliste correspondant espagnol à Paris.
franceinfo : Ce parti indépendantiste, le Bildu, est très proche de l'ETA ?
Juan Jose Dorado : Oui, c'est ce qu'on a toujours appelé le bras politique de l'ETA, d'ailleurs Monsieur Otegi, qui est le responsable suprême de Bildu, a été condamné pour terrorisme, donc il y a un lien direct entre Bildu aujourd'hui, et l’ETA.
Et effectivement, Bildu, a talonné à tel point le PNV qu'ils ont aujourd'hui, après ces élections, le même nombre de députés au Parlement basque, c'est-à-dire 27 chacun, et que ce sera la troisième force politique, le Parti socialiste du Pays basque a décidé qui va gouverner le pays, le Parti socialiste qui a eu 12 députés, le Parti socialiste qui, de toute façon, a dit qu'il va appuyer le gouvernement à un nouveau gouvernement du Parti nationaliste basque.
Donc les socialistes vont aider le Parti nationaliste basque, on va dire le centre droit ?
Puisque le Parti socialiste va donc appuyer un gouvernement du Parti nationaliste basque qui, à son tour, appuie le gouvernement. Seulement, attention, le Premier ministre socialiste espagnol, Monsieur Pedro Sanchez, a annoncé mercredi dernier réfléchir à une démission. Pourquoi ? Après l'ouverture d'une enquête contre son épouse pour trafic d'influence et corruption, et d'après lui, c'est un coup monté de l'opposition de droite. Il a dit : "J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir". Réfléchir à quoi ? S'il reste à la tête du gouvernement ou pas. Réponse lundi prochain, 29 avril, dans une conférence de presse. Pour l'instant, il s'est retiré des affaires. Donc on va attendre. Ça veut dire un gouvernement qui va essayer de survivre.
Et Bildu, l'extrême gauche basque ?
Bildu appuie aussi le gouvernement à Madrid, pour qu'effectivement la droite n'arrive pas du côté du Pays basque. En tout état de cause, c'est vrai qu'aujourd'hui vous avez, pour la première fois dans l'histoire démocratique de l'Espagne un Parlement basque, qui est essentiellement régionaliste, nationaliste, indépendantiste. Puisque 54 députés le sont aujourd'hui, face aux 12 députés du parti socialiste, face aux 7 députés du parti populaire, conservateur, et face à 1 député des Sumar, l'ancien Podemos, l’extrême gauche, mais il reste quand même un député de l'extrême droite puisque Vox a sauvé son député.
Mais ce qui est intéressant, c'est que même si ce parlement aujourd'hui est un parlement essentiellement nationaliste et indépendantiste, le sentiment indépendantiste au Pays basque ces dernières années a diminué...
C’est plutôt régionaliste, alors...
Régionaliste, c'est le Parti nationaliste basque, mais Bildu a toujours été un parti indépendantiste. Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, même si on reconnaît que l'indépendantisme basque n'est pas un thème porteur aux élections, et qu'ils sont à peine 20% des électeurs basques qui se déclarent partisans de l'indépendance.
Ce qui est important en Espagne, justement par rapport à ces régions autonomes, c'est que le 18 février dernier, c'était la Galice qui passait aux élections. Et donc c'est la droite classique du Parti populaire qui l'a emporté. Il ne faut pas oublier que le dirigeant national espagnol du PP, donc le Parti populaire, la droite, est un galicien, Alberto Núñez Feijóo.
Et très bientôt, le 12 mai prochain, c'est la Catalogne qui va voter. Donc trois élections, Galice, Pays basque, Catalogne, et derrière, les élections européennes qui passent à la trappe quand même ?
Et si je vous disais qu’au Pays basque, c'est "je te tiens, tu me tiens par la barbichette", en Catalogne dans quelques semaines, le 12 mai, ça va être exactement la même chose, puisque la ville de Barcelone est gouvernée par les socialistes, mais le gouvernement de la Catalogne est aux mains des indépendantistes, qui soutiennent le gouvernement à Madrid.
Donc c'est vraiment l'enjeu qu'on a vécu au Pays basque, on va le revoir en Catalogne et tout ça, avec les élections européennes. Mais avec ces trois dernières élections, Galice, Pays basque, Catalogne, la campagne électorale pour les élections européennes, pour l'instant, ça passe vraiment à la trappe.
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