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Sylvain Tesson : "Août 1991, la mort de l'URSS"

Chaque dimanche, un invité vous présente l'événement d'actualité qui a changé son regard sur le monde. Aujourd'hui, l'écrivain et voyageur Sylvain Tesson, se souvient du putsch raté contre Gorbatchev, en Russie, en 1991.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Le 19 août 1991, tous les regards se tournent vers Moscou. La radio annonce que "Mikhaïl Gorbatchev n'est plus président de l'Union soviétique" . Officiellement, le père de la Perestroïka est écarté pour raisons de santé. En fait, un coup d'Etat vient de débuter. Le vice-président Guennadi Ianaiev essaie de prendre le pouvoir.

A l'époque, Sylvain Tesson a 18 ans et rentre tout juste de Moscou : "Mes parents nous emmenaient souvent faire des voyages dans les pays de l'est ", se souvient-il. Nous étions allés en 1989 au chevet du mur de Berlin et cette année-là, en 1991, nous étions à Moscou, mais sans imaginer un instant qu'un putsch était fomenté, sans se douter que l'URSS allait s'écrouler dans un bruit de champignon pourri.. ". Quand il découvre l'événement, à son retour, il est d'abord surpris.

L'écrivain se souvient des réactions en France : "J'étais dans une famille assez politisée. Mes parents avaient des journaux d'opposition (Sylvain Tesson est le fils du journaliste Philippe Tesson, ndlr), puisque Mitterrand était aux commandes. Et je me souviens de Mitterrand exhibant à la télévision une lettre que lui avait envoyée. Guennadi Ianaiev, pour prendre ses avances, en expliquant que Ianaiev avait eu des contacts avec la diplomatie française. Il posait les jalons d'une éventuelle possibilité d'entente entre la France et la nouvelle équipe en place au Kremlin. Puis il s'est aperçu que c'était un geste malheureux (...) Le putsch a fait long feu (...) Finalement, l'URSS est morte ce mois-là (...) Eltsine a pris les commandes et la Fédération de Russie est née ".

Pour Sylvain Tesson, grand voyageur, ce putsch raté reste un événement "fondateur " : "Il y a eu une disproportion inouïe entre ce que faisait peser l'URSS en termes de rapports géopolitiques, de peurs, de représentations conflictuelles, et l'espèce de facilité, de liquidité avec laquelle cette immense Union soviétique s'est écroulée. Comme ces souches d'arbre dans la forêt tropicale qui sont totalement pourries de l'intérieur, qui ne tiennent que par la grâce de quelques fibres, et à peine les avez-vous effleurées que soudain elles s'effondrent ".

Sylvain Tesson vient de publier un recueil de nouvelles : S'abandonner à vivre (Gallimard)

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