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Mémoire d’info. Alain Genestar et le bouclage de "Paris Match" le 11-Septembre : “À 23h30, coup de fil de notre correspondant... Il est vivant !”

Pour ses 30 ans, franceinfo a demandé à des personnalités de la culture et des médias de raconter l'info qui les a marquées ces trente dernières années. Le journaliste Alain Genestar se souvient du 11-Septembre.

Article rédigé par franceinfo, Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le World Trade Center de New York, le 11 septembre 2001. (SETH MCALLISTER / AFP)

Avant de lancer le magazine Polka, qu'il dirige toujours, Alain Genestar était directeur de la rédaction de Paris Match. Pour franceinfo, il revient sur le bouclage du magazine, le 11 septembre 2001.

“Pour moi, le 11 septembre commence le 9 septembre à Perpignan”, raconte-t-il au micro de Guy Birenbaum. Ce jour-là, Jean-Jacques Naudet, l’un des correspondants du magazine, lui parle de ses fils, Jules et Gédéon, partis faire un reportage vidéo avec les pompiers de New York. Ses enfants lui ont raconté “qu’à la caserne des pompiers, il y a une grande inquiétude. C’est une profession où il y a beaucoup de superstitions. Un homme de petite taille, un nain, est entré dans la caserne et, selon la mythologie des pompiers, un grand malheur va arriver.”

Alain Genestar, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire "Paris Match" de 1999 à 2006 (JACK GUEZ / AFP)

Le bouclage terminé, "tout le monde se met à applaudir" 

Le 11 septembre, de retour à Paris, Alain Genestar travaille au bouclage de Paris Match. Deux événements font la une : un reportage sur Marie-José Pérec et l’assassinat de Massoud. Au déjeuner, l’un des rédacteurs en chef l’appelle : un petit avion a percuté l’une des tours du World Trade Center. "Je dis simplement : 'On va faire un petit repiquage, on arrive d’ici une demi-heure'", raconte Alain Genestar, quand un second coup de fil intervient : l’avion est plus gros que prévu et la tour est en flammes. “Là, on décide de revenir et, au moment où la conversation se termine, j’entends un cri : c’est la rédaction de Match qui voit en direct le deuxième avion. On part en courant”, se souvient-il.

"On refait tout le journal, on garde un seul sujet : Massoud. On ne sait pas encore qu’il va y avoir un lien, explique Alain Genestar. Ce qui est extraordinaire de ce bouclage, c’est qu’on va vivre en direct un événement très fort mais dont on ne connaît absolument pas les raisons. On vit cela de façon tellement intense, d’un point de vue émotionnel d’abord." Impossible de joindre les fils de Jean-Jacques Naudet, forcément partis avec les pompiers, et la communication avec le correspondant de Paris Match à New York a été coupée au moment où ce dernier est arrivé sur les lieux du drame. “On va vivre toute cette nuit de bouclage avec, potentiellement, trois personnes de Paris Match qui sont portées disparues.” Bouclage intense aussi parce que, fait rare dans la presse hebdomadaire, “on n’a aucun recul [sur l’événement].”

Couverture du magazine Paris Match n°2730 du 20 septembre 2001. (Paris Match)

“Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière”

“On a prévu de boucler les 70 pages à 1 heure du matin. Et à 23h30, coup de fil de Romain Clergeat, notre correspondant, il est vivant ! Un miracle. Un professionnalisme incroyable : il nous dicte huit feuillets. Et coup de fil des enfants Naudet qui, eux aussi, sont vivants [premiers à filmer l’attaque, ils vont réaliser le grand documentaire du 11-Septembre] ! Ça se termine là, de façon extraordinaire, je n’ai jamais vu ça dans ma carrière. On est tous fatigués, on est émus et, au moment où c’est terminé, on est à peu près 60, 70 dans la salle et, là, tout le monde se met à applaudir dans une sorte de recueillement.”

Quelle actualité vous a particulièrement marqué ces trente dernières années ? A l’occasion du 30e anniversaire de franceinfo, Guy Birenbaum a posé la question à des personnalités de la culture et des médias. Ils évoquent une date, un événement marquant ou vécu de ces trente dernières années. Du lundi au vendredi, jusqu’au 24 août, Philippe Labro, Guillaume Durand, Mathieu Gallet, Anne Nivat, Jean-Michel Aphatie, Alain Chamfort… Tous se sont replongés dans leurs souvenirs, avec gravité ou émotion, de l’attentat du 11-Septembre  à la chute du mur de Berlin en passant par l’expo “Sensation” à Londres, la libération de Mandela ou la mort de Lady Di.

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