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Ma ville demain. Partage de l'espace public : peut-on espérer un climat plus apaisé ?

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À quoi va ressembler "Ma ville demain" ? On en parle tous les week-ends cet été sur franceinfo. Quelle place pour les voitures, les vélos, les piétons dans nos villes, car en ce moment, c'est la guerre sur l'espace public. 

Article rédigé par
Cécile Maisonneuve - franceinfo - Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min.
Les transformations à venir de l'espace public. Une joggueuse pendant le confinement à Toulouse. Photo d'illustration (HANS LUCAS VIA AFP)

Dans Ma ville demain, peut-on espérer un climat plus apaisé en matière de partage de l'espace public ? Tout l'été sur franceinfo, on se demande à quoi vont ressembler nos villes demain. Décryptage avec Cécile Maisonneuve et Edouard Marguier...

franceinfo : Aujourd'hui, on parle de la bataille pour le partage de la route qui va continuer...

Cécile Maisonneuve : Dans les villes françaises, comme dans toutes les villes du monde, c’est effectivement une féroce bataille qui se joue. Il va falloir s’y habituer, car la lutte pour le contrôle de l’espace public n’est pas près de s’arrêter ! Elle a, en réalité, toujours existé, c’est une constante de la vie urbaine : Juvénal, le poète satirique, raconte déjà les batailles dantesques qui se jouent entre charrettes et piétons dans la Rome impériale.

Aujourd’hui, c’est la voiture qui est en position d’accusée. Il faut dire qu’entre la voirie et les parkings, elle s’accapare en moyenne 50% de l’espace public des grandes villes. Et pourtant plus d’1/3 des Niçois, des Bordelais et des Nantais ne possèdent pas de voiture. À Lyon et Lille, c’est presque la moitié des habitants ! Le maître-mot aujourd’hui dans les centres urbains denses, c’est celui de rééquilibrage.

La crise sanitaire va-t-elle accélérer les transformations à l’oeuvre ?

Effectivement, le confinement nous a donné des idées : nous jetons un nouveau regard sur nos rues, après les avoir vues vidées des voitures. Aujourd’hui, la distanciation physique oblige à mordre sur les places de parking et la voirie dans nos centres urbains aux trottoirs trop étroits. Sans parler de l’explosion des pistes cyclables pour compenser la désaffection vis-à-vis des transports en commun. Les chiffres sont là : 75% des Parisiens sont favorables à un nouveau partage de l’espace public, avec une place accrue pour les piétons. Les chiffres sont similaires dans les autres villes, avec 78% en faveur du vélo à Toulouse, 76% pour les piétons à Nice.

Alors, s’il n’y plus de voitures ou presque dans nos villes demain, il n’y aura donc plus de tensions autour de l’occupation de l’espace public ?

Pas si simple… Regardez ce qui se passe aujourd’hui dans toutes les villes du monde : les voitures sortent grandes gagnantes de la crise. Quoi de plus protecteur que l’habitacle d’une automobile ? À plus long terme, il n’est pas exclu que la crise se traduise par un mouvement de départ des grandes villes denses vers un habitat plus dispersé en périphérie, donc vers un mode de vie encore centré sur la voiture. Dans la bataille pour la maîtrise de l’espace public, le drapeau blanc n’est donc pas pour aujourd’hui, ni même pour demain.

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