Jean-Christophe Rufin : "Mon pavé 2018 c'est d'avoir une politique de francophonie"
En cette journée internationale de la francophonie, Jean-Christophe Rufin lance son pavé pour la préservation de la langue française dans le monde.
Jean-Christophe Rufin est un ancien ambassadeur, historien, écrivain et membre de l’Académie française. L’adaptation cinématographique de son roman Le Collier rouge, publié en 2014, sort en salle le 28 mars prochain. À l’occasion de la journée internationale de la francophonie, il rappelle l’importance de la langue française et sa préservation nécessaire dans le monde entier. Il met en avant le paradoxe entre la présence du français dans le monde face à sa menace dans les pays francophones.
Olivier de Lagarde : Nous devons refuser la domination de la langue anglaise ?
Jean-Christophe Rufin : Il ne s’agit pas de ça, ce n’est pas la question du nombre, c’est la question du pluralisme linguistique et du pluralisme culturel du monde. C’est fondamental, le français est une alternative forte. La question c’est la survie du français dans le monde, c’est ça qui est en jeu.
Aujourd'hui, en 2018, est-ce que la langue que l’on parle est importante, alors que nous avons des traducteurs sur tous les téléphones ?
Oui c’est important parce que la langue véhicule autre chose, une manière de regarder le monde. Elle véhicule aussi des solidarités. Des gens qui ont fait leurs études en France, qui se sont imprégnés des systèmes, par exemple juridique, n’ont pas la même façon de raisonner et vont créer avec nous un espace très important. J’ajoute que la francophonie ce n’est pas seulement la France. Les membres de l’OIF (organisation internationale de la francophonie) viennent de très nombreux horizons, de continents différents.
Nous pensons différemment en français qu’en anglais ou en chinois ?
Oui, bien sûr. On pense différemment parce qu’on a accès à une littérature différente, on a des raisonnements et des sources idéologiques différentes. Si vous voulez, dans le génie d’une langue il n’y a pas tout. Je crois beaucoup à cette identité et au rôle que la France, et au-delà d’elle tous les pays francophones, peuvent continuer de jouer sur la scène internationale.
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