Peut-être nosancêtres avaient-ils peur de se noyer? Dans ce cas, ils n'avaient qu'àrester près du bord. Et au-delà de la boutade, le principed'Archimède était en vigueur avant même que l'homme n'arrive sur terre. Etcertains savaient nager. Donc la réponse n'est pas là. L'explication, jel'ai trouvée sous la plume de Michel Serres, le philosophe que vousécoutez le dimanche dans "Le Sens de l'info" , que j'avais la chance derecevoir cette semaine à mon micro de "Tout et son contraire" . Et c'est luiqui, en étudiant les changements de comportement induits par lesprogrès de la science et des techniques, a donné la clé. Rien àvoir avec l'invention du chemin de fer, ni des congés payés. Il n'est pasquestion d'histoire politique, mais de médecine.Pourquoi labaignade est-elle une pratique si tardive dans l'histoire del'humanité ? Michel Serres : "C'est très simple.Autrefois les maladies ne guérissaient pas. Et comme elles ne guérissaient pas,les corps étaient pleins de bubons, de cicatrices, de plaies mal soignées. Etdonc il fallait se couvrir. La fraise du Moyen Âge, ce n'était passeulement un vêtement extraordinaire, mais c'était d'abord pour cacher cequ'on appelait le collier de Vénus : parce que la vérole faisait éclaterles ganglions du cou, ce qui était horrible. Et du coup, on ne se déshabillaitpas parce que les corps n'étaient pas montrables. Toutd'un coup, comme la médecine a réussi : il y eut moins de cicatrices, debubons, de plaies variqueuses. Par conséquent on pouvait se montrer enpublic. "