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Pourquoi Michel-Ange a-t-il peint le plafond de la chapelle Sixtine ?

Tout le monde connait cette image : le doigt de Dieu, par lequel il donne la vie à Adam, le premier homme. Le chef-d’œuvre de Michel-Ange trône dans tous les livres d’histoire de l’art, on peut le trouver sans peine en poster et en carte postale.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Le plafond de la chapelle Sixtine  © MaxPPP)

Mais sur place, à Rome, il faut se tordre le cou, car la fresque biblique est au plafond. Quelle idée de l’avoir placée là où il est si difficile de peindre, et même de la contempler ?

La chapelle Sixtine, nommée ainsi en hommage à son commanditaire, le pape Sixte IV della Rovere, fut construite au XVe siècle. Ses dimensions – 40,23m de long, 13,40 m de large et 20,40m de haut – sont réputées être celles du temple de Salomon, détruit en 70 de notre ère.

Michel-Ange n’y est pour rien. L’édifice fut achevé en 1483, alors qu’il avait à peine huit ans.

Jusqu’en 1507, le plafond était décoré d’une voûte étoilée, traditionnelle dans les chapelles

Les plus grands artistes de l’époque avaient participé à sa décoration (Le Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio, Rosselli…). Mais un événement va précipiter les choses. Le 18 avril 1506 est posée la première pierre de la basilique Saint-Pierre de Rome, juste à côté de la chapelle Sixtine. La dépouille de Saint Pierre est censée être ensevelie sous ses fondations ("Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église "...). C’est d’ailleurs ces travaux colossaux qui vont être à l’origine de la fracture entre catholiques et protestants : ils coûtent si cher que l’Église les finance en monnayant les Indulgences, pratique contre laquelle va s’élever Martin Luther. Mais c’est une autre histoire.

La chapelle Sixtine est alors traversée par une énorme fissure, qui nécessite une consolidation, hélas très visible. Les plafonds sont dévastés. Le pape Jules II charge alors Michel-Ange de refaire entièrement le plafond. L’artiste accepte.

Il s'agissait d’éviter les désagréments connus par des confrères. L’azurite, utilisée traditionnellement, présente en effet l’inconvénient de ne pas supporter l’humidité. Un dégât des eaux dans la chapelle d’Arena avait ainsi abouti à un changement de tous les bleus en vert... Michel-Ange a donc utilisé l’outremer pour éviter ce risque.

D’abord secondé par des assistants, il les renvoie tous et travaille seul, sur un échafaudage. Contrairement à la légende, il ne peint pas couché sur le dos, mais debout, le bras en l’air et la tête renversée, position particulièrement inconfortable. Il sera rémunéré 3.000 ducats (environ 50.000 de nos euros) pour un labeur de quatre années.

Pas cher payé pour un chef-d’œuvre.

Jusqu’à preuve du contraire...

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