Mais de quelauteur génial viennent ces dénominations fleuries? Sophocle ? Shakespeare ? JacquesBalutin ? Beaumarchais.Sans qu'il n'y soit pour rien. Nous sommes en 1784, à Paris, où des acteursrépètent Le Mariage de Figaro. Ces acteurs, ce sont les sociétaires de laComédie Française. Suite à des problèmes de place, l'intendance les aprovisoirement installés aux Tuileries dans la salle des machines. L'endroitfait face à la Seine.Quand les acteurs regardent le fleuve, ils ont à leurgauche la cour du Palais des Tuileries, et à leur droite un jardin qui s'étend àl'époque jusqu'à la place de la Concorde. Ils ont donc à leur gauche le côté"cour", et à leur droite le côté "jardin".Présentée pourla première fois au public, la pièce connut un triomphe. Et le binômecour/jardin a lui aussi brûlé les planches. Mais au fait, à quoi servaient cesappellations?Pendant lespectacle, à rien. Elle ne sont pas mentionnées dans le texte deBeaumarchais. Mais lors desrépétitions, elles sont vite devenues indispensables. Avant, quand le metteur enscène demandait à une actrice de se décaler vers la gauche, elle s'interrogeait: vers sa gauche à lui, ou vers ma gauche à moi ?En revanche, si le metteur enscène lui demande de se décaler côté jardin, autrement dit vers sa gauche à lui,la comédienne comprend aussitôt qu'elle doit faire deux pas sur sa droite àelle. Logique. Avec ce système,que l'on soit sur scène ou dans la salle, on n'a plus besoin de s'orienter pours'orienter. "Bâbord" et "tribord" rendent le même service sur unbateau. Et pourceux qui ont déjà oublié où étaient le côté "cour" et le côté "jardin". Voici unmoyen mnémotechnique. Quand vous êtes du côté du public --il faut toujours se mettre à la place du public,c'est la clef du succès--, pensez à Jésus Christ. J.C. pour lesintimes.Observez sesinitiales. A gauche : J comme jardin. A droite : C comme cour.Si vous êtes surscène, revenez à votre place ; ça énerve tout le monde.Jusqu'à preuvedu contraire.