Gouvernements populistes : "On ne peut pas continuer à avoir cette légende de dire ‘on est pour ou contre l’Europe’"
Les invités des "Informés de franceinfo" sont notamment revenus, vendredi soir, sur le discours d'Emmanuel Macron sur la montée du nationalisme en Europe.
Le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé dans un discours, jeudi 21 juin, la montée du nationalisme en Europe et des gouvernements populistes. Pour qualifier cette montée du populisme, le Président a utilisé le mot "lèpre". Pour les "Informés de franceinfo", le choix du mot n'est pas judicieux.
L'extrait
franceinfo : Emmanuel Macron choisit le mot "lèpre" pour qualifier la montée du populisme en Europe. Est-ce un choix judicieux ?
Alexis Poulin, journaliste, directeur de la publication du site Le Monde moderne : Le mot "lèpre" n’est pas bien choisi. Je crois qu’Emmanuel Macron confond plusieurs choses. C’est une "lèpre" raciste, xénophobe, qu’on voit monter. Un néo fascisme, et des mafias qu’on n’a jamais voulu vraiment contrecarrer. Le nationalisme, c’est autre chose. Il y a un temps européen qui a changé. Emmanuel Macron est resté sur le grand récit des pères fondateurs, l’Europe de la paix, des marchés ouverts etc.
Je pense que depuis la crise migratoire et la crise grecque, les peuples européens sont en train de se poser la question de cette construction européenne, de dire ‘bien sûr que l’Europe, on l’aime’ mais est-ce qu’on peut tomber amoureux de l’union technocratique européenne ? Non, c’est un des gros problèmes. Et puis, pourquoi continuer quand ça va si mal ou pas très bien ? C’est le cas de l’Italie, un pays qui a été laissé seul où on n’a pas voulu faire un travail de fond, qui est justement d’écouter les problèmes des gens, quand maintenant Comte dit qu’il est populiste. N’oublions pas que pendant la campagne, Emmanuel Macron a dit qu’il était populiste également. Il va falloir ce moment populiste européen, qu’on rentre dedans et qu’on fasse en sorte qu’on en sorte grandi en continuant la construction. On ne peut pas continuer à avoir cette légende de dire ‘on est pour ou contre l’Europe’. Tout le monde est européen en Europe.
Les invités
Hamdam Mostafavi, rédactrice en chef à Courrier International
Anne-Sophie Beauvais, directrice générale de l’association des anciens élèves de Sciences Po (Sciences Po Alumni), rédactrice en chef du magazine Émile et auteur de « On s’était dit rendez-vous dans vingt ans. Coulisses d’une génération qui a pris le pouvoir » (Plon, 5 avril 2018)
Étienne Girard, journaliste politique à Marianne
Alexis Poulin, journaliste, directeur de la publication du site Le Monde moderne
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.