"Godland", sublime et âpre épopée dans l'Islande du XIXe siècle
Jules de Kiss évoque les sorties de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, dont "Godland" du dano-islandais Hlynur Palmason et "Les huit montagnes" du duo belge Charlotte Vandermeersch/Félix Van Groeningen.
Godland est une sorte de western religieux, un film inclassable, la belle surprise de la semaine, une invitation au voyage dans les grands espaces sauvages et sublimes de l'Islande. C'est sur cette île, à l'époque possession danoise, qu'arrive à la fin du XIXème siècle un jeune prêtre, danois, qui ne connait pas grand chose de la vie. Mais il est investi d'une double mission : construire une église et prendre en photo, sur daguerréotype (plaques de verres avec une imposante chambre noire portable) les habitants de l'île.
Confronté à la rudesse des lieux et des autochtones, le jeune homme est secoué dans ses certitudes et tarde à voir que sur la question de la spiritualité, plus que de la foi, ces gens simples n'ont rien à lui envier. "Godland" éblouit par ses images, la nature explose et le rapport à la mort s'impose, notamment avec celle d'un cheval que Hlynur Palmason a filmé en décomposition sur deux années.
Tourné en format presque carré, "Godland" tient autant du western, de Bergman que de "Silence" de Martin Scorsese. Hlynur Palmason, originaire d'Islande, parvient à parler de spiritualité par les images de cette nature fascinante, ça donne très envie de découvrir cette terre lointaine.
Les huit montagnes de Félix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch
Le film, récompensé par le Prix du Jury à Cannes, est une adaptation du roman du même nom, Le otto montagne en italien, écrit par Paolo Cognetti et paru en 2016. Une histoire assez simple, pour ne pas dire déjà vue ou déjà lue ailleurs : deux amis d'enfance, dans un village des Alpes italiennes, et leurs chemins qui bifurquent à l'adolescence, le citadin, plus fortuné qui va faire des études supérieures, et le montagnard qui préfère la vie dans ses sommets avec les paysages, les vaches et l'air pur. Chacun sa vie donc, entre fatalité et déterminisme, et évidemment (c'est donc un roman à la base) les événements vont faire qu'ils vont se retrouver vingt ans plus tard.
C'est un mélo, parfois un peu prévisible, un peu naïf, mais c'est plutôt une belle histoire, et surtout là aussi un film tourné dans des paysages extraordinaires, dans le Val d'Aoste et en Hymalaya. Enfin, les deux comédiens principaux sont bons et charismatiques, en particulier Luca Marinelli, qu'on avait déjà vu dans le Martin Eden de Pietro Marcello, sorti en 2019.
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