Un état des lieux de la gendarmerie...
Les obsèques d'aujourd'hui représentent un moment d'émotion
pour les gendarmes, d'émotion mais aussi de doute et d'interrogation. Sur des forums
internet, sous couvert de l'anonymat, des gendarmes ont expliqué ces derniers jours que leurs conditions de travail se dégradent et que leurs conditions d'intervention sont de plus en plus difficiles. Le
malaise dans la gendarmerie refait donc surface.
Nous en parlons dans Les choix de France Info avec :
Christian
Prouteau , fondateur du GIGN.
Pour la gendarmerie aujourd'hui, ce
drame "est un choc de plus. Mais également, les gendarmes se posent de
nombreuses questions depuis leur rattachement au ministère de l'Intérieur. En effet, depuis ce rapprochement, ce qui fait leur spécificité et leur différence, c'est-à-dire leur qualité de
militaire, est remise en cause."
* Deux choses ont changé sur le terrain. D'abord, l'application d'une politique du chiffre, propre à l'origine au ministère de l'Intérieur et, en particulier, à la Police Nationale. Ces méthodes ne conviennent pas du tout à la gendarmerie, en raison de son exigence d'implantation territoriale. Enfin, le second changement reste la réduction drastique des
effectifs, ce qui a contraint beaucoup de maires et d'autorités locales à regrouper
les permanences de nuit, entraînant la
fermeture de certaines brigades. "Cela fait que la brigade qui est à côté
de chez vous, parce qu'elle a besoin de prendre du repos, va être fermée au moment ou vous avez besoin d'elle. Vous devrez donc vous adresser à
un interphone. Et ça, les gendarmes qui sont implantés dans la population le
supportent très mal."*
** A quoi doit servir la gendarmerie aujourd'hui ? Sa
spécificité, par rapport à la Police Nationale, reste l'implantation
territoriale, l'une des fonctions les plus importantes pour l'Etat selon
Christian Prouteau. Et en ce sens, il faudrait augmenter les effectifs des
patrouilles : patrouiller à 4 et non pas à 2, pour éviter que se répètent de tels drames.
Pour finir, les gendarmes sont de retour à l'Elysée. On sait que les
policiers avaient pris toute la place sous Nicolas Sarkozy. Pour mémoire, le
GSPR avait été mis en place en 1982. Ce retour est-il significatif ? "Au-delà
du symbole, le GSPR est un vrai travail, une méthode spécifique de protection
qui demande formation et entraînement régulier." Christian Prouteau critique d'ailleurs
l'attitude du RAID dans l'affaire Merah et le manque de moyens mis au service de cette affaire. Et pour répondre aux critiques qui lui avaient été adressées par
Nicolas Sarkozy : "Si cette
affaire avait été considérée comme un succès, ça se saurait."
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