Cet article date de plus de treize ans.

Donga : se battre pour l'amour

Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Dans la vallée de l'Omo, chez les Suri, le Donga est un moment important de l'année.

L'Omo est une rivière qui coule aux confins de l'Ethiopie et du Soudan. Les Suri sont des éleveurs un peu fâchés avec les frontières comme toutes les tribus semi-nomades. Et même si les Kalachnikovs et les téléphones portables commencent à faire leur apparition, les Suri continuent de se passer de la monnaie officielle du pays. Là-bas ce qui compte c'est la vache. Huit vaches pour une vieille Kalachnikov, trente pour un modèle récent, quarante pour une épouse.

Pour obtenir une épouse, il y a aussi le donga. Littéralement, cela signifie "duel au bâton". Tous les ans, si la récolte a été bonne, les jeunes hommes s'affrontent dans des donga. Entièrement nus, le corps recouvert de peintures très artistiques… pour attirer l'attention, les combattants se livrent à des duels en se servant d'une arme redoutable, un simple bâton de plus de deux mètres.

Dans un livre remarquable, par sa richesse photographique, son format, son poids (plus de trois kilos !), Hans Silvester nous place aux premières loges de ces combats. "Donga, se battre pour séduire" est paru chez la Martinière.
En fait le donga c'est un concours qui désigne les hommes les plus valeureux, les plus forts. Ce sont eux qui seront choisis par les jeunes femmes pour passer une heure, une nuit, de plaisir, derrière un buisson.
Parfois, le flirt peut conduire à un véritable amour et aller jusqu'au mariage. De nombreuses familles sont nées grâce au donga.
Mais avant d'en arriver là, il faut passer par cette épreuve terrible à laquelle a assisté Hans Silvester….

"C'est une question de vitesse, d'agilité et de prévoyance. Il faut prévoir les coups qui vont arriver. A ce moment-là, on peut se défendre avec le bâton. Donc, c'est rude et c'est très puissant. Ca peut faire très mal. C'est un peu comme la boxe. Il y a beaucoup de blessures. C'est sûr que les os de la main sont très fragiles, les jambes c'est pareil. Et le plus dangereux, c'est vraiment le foie. Un coup sur le foie ça ne pardonne pas. Ca peut être mortel. Et chaque années, il y a des morts."

Les combats ne durent pas plus de cinq minutes. Le plus faible des adversaires se met à genou s'il sent qu'il n'aura pas le dessus. D'autres veulent résister et s'en sortent avec des fractures. Quand il y a un mort, le donga s'arrête et l'on discute de la façon dont le vainqueur va indemniser la famille du vaincu.

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