La loi sur le voile intégral : une question de temps ?
Hicham Benaissa, chercheur
au groupe sociétés, religions et laïcité du CNRS et membre de l'association Agir
contre l'exclusion, rappelle que le voile intégral est une tradition qui vient
des pays arabiques et asiatiques. Or, en France, la plupart des citoyens
français de confession musulmane sont issus du Maghreb où le port de la burqa n'est
pas une coutume. Dans l'étude qu'il a réalisée sur le sujet, il a d'ailleurs recueilli
des témoignages très fermes contre ce voile, des personnes qui lui disaient : "ça n'a rien à voir avec notre religion, avec nos traditions, on ne l'acceptera
pas ".
Pour Hicham Benaissa, il faut analyser la situation dans son contexte : "Le
port de la burqa est lié à un fait social : la plupart des femmes
intégralement voilées sont issues de quartiers populaires, marginalisés. Cette
pratique est exacerbée par des facteurs sociaux structurels. C'est une manière
de dire quelque-chose de la société et de là où on vient. "
Le chercheur rappelle que
cette loi s'inscrit dans une série d'événements qui l'ont précédée : la
loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires à l'école et le
débat sur l'identité nationale. La loi de 2011 a donc été perçue comme "une
défiance supplémentaire portée à l'égard des musulmans ". En sociologie,
cela s'appelle le "retour du stigmate" : "A force d'être
perçu comme stigmatisé, on retourne le stigmate et donc on exacerbe la
différence ", d'où le port d'un voile intégral par certaines femmes.
Mais Hicham Benaissa pense
que, sur le long terme, la loi finira par être acceptée par les mœurs.
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