Les petites têtes chercheuses de la BD
Comment se fait-il que, malgré la
puissance de feu des grands éditeurs... en BD, on les connait bien : Dargaud
/ Dupuis / Casterman / Glénat / Delcourt, pour ne citer que ceux-ci, de
formidables livres échappent à ces puissantes maisons? Mieux, que des auteurs tout
aussi formidables ne sortent de l'anonymat que grâce à des microstructures ?
Exemple: L'argentin Ignacio Minaverry.
Bien connu dans son pays, semble-t-il, mais inconnu en France, il y a encore
quelques mois. L'an dernier, voici que se présente une nouvelle maison
d'édition : L'Agrume, montée par deux trentenaires. En pleine crise !
On pouvait légitimement trouver l'initiative culottée. Jusqu'au moment où l'on
a reçu Dora, un roman graphique excellent. Le second volume est sorti cet
automne, toujours aussi bien. L'Agrume, c'est quatre personnes
depuis peu, et quelques titres à pein.
Il y a aussi les laboratoires.
Dans les années 90, l'éditeur
"l'Association" avait montré le chemin. L'Asso existe toujours et
vient par exemple de publier le nouveau livre de Ruppert et Mullot, dont on
doit déchirer les pages pour les découvrir. Ça s'appelle "Un Cadeau".
Il y a aussi "La Cerise" qui vient de fêter ses 10 ans d'existence,
avec une exposition folle d'inventivité au festival Quai des Bulles de
Saint-Malo. "La
Cerise", c'est une bande de potes qui se sont connus à Bordeaux. Et un
chef de bande, sage comme un chef indien, Guillaume Trouillard. Le
meilleur moyen de se faire une idée de la production de "la Cerise",
c'est de lire sa revue : "Clafoutis".
On peut aussi s'intéresser à**** Misma
à Toulouse, 2024 à Strasbourg, Flblb à Poitiers, au regroupement
franco-belge Frmok, etc...
Enfin, il ya ceux qui sont encore dans la catégorie poids léger , mais qui ont
grandi... Les éditions "Cambourakis" par exemple, dont les regards
scrutent la péninsule hispanique autant que l'Amérique, "la boite à
Bulles" plus franco-française, ou "çà et là " dont l'homme clé, Serge Ewenczyk, s'est lancé dans l'aventure en
- Cette tête chercheuse se projette alternativement du côté de l'Amérique
et vers le Nord, en Allemagne, en Autriche, en Scandinavie.Une récente et belle lecture de chez "çà et là" : "7 saisons",
du finlandais Ville Ranta.
Ne surtout pas oublier " Cornélius "... la petite maison qui, depuis une vingtaine d'années, a la
prétention, souvent justifiée, de faire des livres parfaits. En témoigne la
biographie de "Gus Bofa : l'enchanteur désenchanté" sur l'un des
illustrateurs les plus importants du XXe siècle. C'est un bijou grand
format, de plus de 550 pages, un livre patrimonial d'Emmanuel Pollaud-Dulian.
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