Le pèlerinage de Jean-Christophe Rufin
Bien décidé à dissoudre dans l'acide de l'effort physique
toutes les médailles que la vie a épinglées à son poitrail, Jean-Christophe
Rufin a dû marcher, pendant exactement 800 kilomètres, le long du "camino del norte", le chemin du nord, l'un des itinéraires du
pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
La route de Compostelle, c'est mythique, c'est le grand pèlerinage
du moyen âge, le grand pèlerinage chrétien, qui voyait s'élancer sur les routes
des milliers de "Jacquets" qui reviendront de leur voyage avec fixé
sur leur chapeau ou ailleurs la fameuse coquille Saint-Jacques. Lui, il le fait
dans un but évidemment non religieux, mais plutôt physique ou philosophique. En
quête d'une grande marche solitaire, jusqu'à ce qu'il fasse le constat que le chemin
allait "agir puissamment en moi et me convaincre, pour ne pas dire me
vaincre."
Il va finir par se lancer, depuis Hendaye jusqu'à Santiago,
en Galice, à Saint-Jacques, en passant
par San Sébastian, Bilbao, le pays basque donc, puis la Cantabrie, et les Asturies,
Gijón, Oviedo... Et c'est le récit passionnant de cette marche aussi envoûtante
que drôle qui fait le sel de ce livre.
Il y a une constante dérision, dans le livre, dérision face
à lui-même, décrit comme un candide au milieu des Jacquets, les autres pèlerins.
De la dérision par rapport à lui-même, parce que quand il a accompli ce pèlerinage
il venait de passer trois ans au Sénégal, servi par des gens en gants blancs
qui l'appelaient "Excellence".
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