Voici donc un objet théâtral, enfanté par Sophocle etPagnol, accouché par un arménien né au Liban et qui se passe dans une villeméditerranéenne qui pourrait être Marseille, Beyrouth, Oran ou Athènes, dansun quartier populaire où la vie est un théâtre qui se joue chaque jour enpoussant les chaises sur le trottoir.Une mère courage Ariane Ascaride, unpatriarche débonnaire - Simon Abkarian -, une vieille tante cultivée, féministeet lesbienne - Judith Magre - et deux sœurs, l'une qui veut brûler la vie enfemme libre, l'autre qui attend le grand amour en jeunant, se privant de toutplaisir terrestre. Sur scène, cela parle fort, avec l'accent, et ArianeAscaride jubile de retrouver dans cette pièce la culture populaire de sonMarseille natal : "quand vous avez un cadeau comme cela, vous mourrezde peur mais vous y allez!"Cette pièce est aussi un plaidoyer pour les femmesméditerranéennes.Dans les instants du quotidien de cette tribu où les hommesse font servir, dans les désirs d'émancipation des jeunes femmes, dansl'évocation d'un viol pédophile, Simon Abkarian, qui a grandi au Liban, se sentredevable envers ces femmes, piliers des sociétés méditerranéennes. "Maisje ne fais que commencer à en parler. C'est s'amender des dégâts faits auxfemmes!"Alors si on est un peu dérouté par le mélange de dialoguespagnolesques et de grandes tirades version tragédie grecque, le public fait untriomphe aux dix comédiens. Mention spéciale pour Cyril Lecomte et Marie Fabrequi sont un redoutable cakou et sa mère, hilarants, naturels, on se croiraitvraiment dans un quartier de Marseille."Le dernier jour du jeûne" de Simon Abkarian authéâtre des Amandiers à Nanterre jusqu'au 6 avril, puis à Limoges du 9 au 11.