Xavier Bertrand dit-il vrai sur la gestion municipale du Front national ?
Vrai
Parmi les quatre villes conquises par le Front national dans les années 90, Toulon reste exemplaire en termes de dysfonctionnement municipal. Affaires de corruption, de mœurs, déchirements internes au sein de l'équipe municipale, un proche du maire assassiné, une ville qui termine en surendettement.
Incompétence
La politologue Virginie Martin, qui a écrit le livre "Toulon la noire", explique que la ville est sortie "exsangue" de l'expérience frontiste. Pour elle, l'équipe "avait une incompétence absolue en termes de gestion municipale, de gestion des communes, de services publics, ce genre de choses indispensables pour la gestion correcte d'une ville".
Jean-Marie Le Chevallier quitte le Front national en 1999 et la mairie deux ans après. Il sera condamné pour subornation de témoin et aussi pour détournement de fonds publics.
Clientélisme
C'est bien ce qui caractérise les mairies Front national dans les années 90. Alors que le slogan de Jean-Marie Le Pen était "tête haute mains propres" , les affaires et le clientélisme se sont multipliés à Toulon, Vitrolles, Marignane et dans une moindre mesure à Orange. Gilles Ivaldi, spécialiste du Front national, rappelle que "le FN a souvent réorienté ses subventions locales vers des clientèles plus proches de lui, notamment les rapatriés qui sont un contingent électoral important pour l'extrême droite dans le sud, vers les commerçants également. A Toulon par exemple, le FN a créé des associations pro FN (d'aides et caritatives) qui ont redéployé les fonds municipaux vers des proches, des militants, des gens qui avaient manifesté leur sympathie pour le FN. Cela c'est traduit par des embauches. Que ce soit à Toulon ou Orange, on a eu beaucoup de cas d'embauches à la fois de membres du parti mais également de proches des maires et de membres de leurs familles. On a eu tout une gamme de pratiques à la fois clientélistes et presque népotiques qui ont vraiment caractérisé cette gestion du FN".
Et finalement...
A Vitrolles, Catherine Mégret quittera le FN, restera cinq ans à la mairie et elle sera notamment condamnée pour détournement de fonds publics.
A Marignane, Daniel Simonpieri quittera lui aussi le FN, sera réélu une fois à la mairie, puis condamné pour favoritisme, fausses factures et emplois fictifs.
Enfin, à Orange, Jacques Bompart, quittera le FN. Il est toujours maire et a été mis en examen en 2010 pour prise illégale d'intérêts. En 2011, la cour régionale des comptes de la région PACA l'a épinglé pour des dépenses personnelles jugées sans rapport avec la fonction de maire. Restaurants, parfums de luxes, cigares, spa, hammam et vinothérapie.
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