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Vrai ou faux
Est-ce vrai qu'il manque une spécialité de gynécologie dans un tiers des départements français ?
Après l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution, votée lundi en Congrès, et avant la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, certains rappellent qu'il y a encore du chemin à faire pour les droits des femmes, et notamment dans l'accès aux soins. "Dans un tiers des départements français, en particulier en ruralité, il manque une spécialité de gynécologie, les femmes sont de plus en plus forcées malheureusement de sacrifier leur santé", déplore le député Rassemblement national de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, sur LCI. Vrai ou faux ?
13 départements Français sans gynécologue médical, aucun sans gynécologue obstétricien
C'est faux, ce ne sont pas les bons chiffres. D'abord, il faut préciser qu'il existe deux catégories de gynécologues : les gynécologues médicaux, qui suivent la femme tout au long de sa vie, notamment pour la contraception les infections ou encore la ménopause ; et les gynécologues obstétriciens, qui se chargent de ces soins mais aussi du suivi de grossesse et qui font de la chirurgie.
Selon les dernières données de l'Atlas démographique publié par le Conseil national de l'Ordre des médecins, au 1er janvier 2023, 13 départements français n'ont aucun gynécologue médical. 13 sur un total de 101 départements français, c'est beaucoup moins que le "tiers" évoqué par Jean-Philippe Tanguy. Et si l'on regarde les gynécologues obstétriciens cette fois, il y en a dans chaque département. On peut donc dire qu'il n'y a aucun département français sans suivi gynécologique possible. Par ailleurs, les sages-femmes sont aussi habilitées à proposer un suivi gynécologique.
Deux gynécologues médicaux pour 100 000 femmes en France
En moyenne, en France, on compte deux gynécologues médicaux et près de 15 gynécologues obstétriciens pour 100 000 femmes, que ce soit à l'hôpital ou en cabinet. L'Allier, la Creuse, la Meuse, l'Yonne ou les Hautes-Alpes, des départements principalement ruraux, ne comptent aucun gynécologue médical. Dans un rapport parlementaire publié en 2021 sur "la situation des femmes dans les territoires ruraux", les sénateurs constatent un "déficit en matière d’accès aux soins en milieu rural", et notamment à cause du manque de gynécologues médicaux. Et la situation ne va pas s'améliorer à court terme pour cette spécialité, car un tiers de ses praticiens ont plus de 60 ans, selon les données de l'Ordre des médecins.
La gynécologie médicale est particulièrement concernée par la pénurie de médecins parce que pendant presque 20 ans, la France a arrêté de former des gynécologues médicaux. La spécialité n'était pas reconnue au niveau européen. Elle a finalement été rétablie en 2003, après une mobilisation de la profession, mais ça a créé un vide, difficile à rattraper.
Les gynécologues obstétriciens, eux, sont de plus en plus nombreux et la profession est plus jeune, mais leur répartition sur le territoire reste inégale. D'après un rapport publié en 2022 par le Collège des Enseignants en Gynécologie-Obstétrique (CEGO) et le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français (CNGOF), "seulement 50 % des internes formés à la gynécologie-obstétrique souhaitent poursuivre et poursuivent effectivement une activité de garde [...] Une part importante des jeunes gynécologues-obstétriciens n’est pas satisfaite de l’environnement hospitalier public ou privé et renonce à toute activité hospitalière pour une activité exclusive de consultations en cabinet."
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