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Vrai ou faux
Ălections europĂ©ennes : y a-t-il en moyenne 70 lobbyistes par eurodĂ©putĂ©, comme l'affirme Manon Aubry ?
"Bruxelles, c'est lobbyland". En campagne pour les Ă©lections europĂ©ennes, la tĂȘte de liste pour La France insoumise, Manon Aubry, assure, mardi 23 avril, qu'il y a "en moyenne 70 lobbyistes par dĂ©putĂ© europĂ©en". Vrai ou faux ?
Environ 50 000 lobbyistes pour 705 eurodéputés
C'est vrai. Il y a exactement 12 425 organisations enregistrées comme lobby à Bruxelles, d'aprÚs le dernier rapport du "registre de transparence", qui les répertorie. Environ 50 000 lobbyistes travaillent pour ces organisations,  d'aprÚs le dernier recensement du Parlement européen. Un chiffre avancé également par l'ONG anti-corruption Transparency International. Si l'on divise 50 000 par le nombre d'eurodéputés (705 eurodéputés sur le mandat en cours), on obtient bien une moyenne de 70 lobbyistes par député européen.
Ces lobbyistes n'échangent pas uniquement avec les membres du Parlement, mais aussi avec la Commission ou le Conseil européen. Ce sont des entreprises (comme Google ou L'Oréal), des syndicats, des associations (comme l'Institut Pasteur) ou encore des universités. Ils cherchent à influencer les décisions prises au sein des institutions européennes.
Une activité légale et encadrée
Cette pratique est lĂ©gale, elle fait mĂȘme partie intĂ©grante du fonctionnement des instances europĂ©ennes. Les reprĂ©sentants politiques Ă©coutent diffĂ©rents points de vue et reçoivent des Ă©clairages particuliers sur certains sujets. Les lobbyistes organisent donc des petits-dĂ©jeuners ou des confĂ©rences. Ils Ă©crivent des communiquĂ©s et rĂ©digent mĂȘme parfois des propositions d'amendements prĂȘtes Ă l'emploi.
Le lobbying a Bruxelles est encadrĂ©. Il y a notamment un "registre de transparence", commun au Parlement, Ă la Commission et au Conseil europĂ©en depuis 2011. Il s'agit d'une base de donnĂ©es qui recense les lobbies et leurs activitĂ©s. Les organisations doivent renseigner leurs intĂ©rĂȘts, leurs dĂ©penses, leurs sources de revenu. L'objectif est d'informer les citoyens. Les lobbys inscrits sur ce registre s'engagent Ă respecter un "code de conduite", qui stipule, par exemple, qu'il est interdit de "faire pression" sur les reprĂ©sentants politiques ou d'acheter leurs voix. Des enquĂȘtes et des sanctions sont Ă©galement prĂ©vues pour les lobbies inscrits sur le registre et qui ne respectent pas les rĂšgles.
Les limites du contrĂŽle
AprĂšs le scandale de corruption du "Qatargate", pour lequel des eurodĂ©putĂ©s et leur entourage sont soupçonnĂ©s d'avoir reçu de l'argent du Maroc et du Qatar en Ă©change de dĂ©cisions europĂ©ennes en leur faveur, l'encadrement des lobbies a Ă©tĂ© renforcĂ©. Les eurodĂ©putĂ©s, par exemple, doivent dĂ©sormais dĂ©clarer leurs rencontres avec les lobbyistes. Certaines activitĂ©s sont par ailleurs interdites au sein des institutions europĂ©ennes sans ĂȘtre inscrites sur le "registre de transparence", mais il reste des angles morts : pour obtenir un badge au Parlement ou pour rencontrer des commissaires, il faut ĂȘtre inscrit sur ce registre, mais ce n'est pas obligatoire, par exemple, pour prendre un verre en tĂȘte Ă tĂȘte avec un eurodĂ©putĂ© dans un cafĂ© de Bruxelles. La Cour des comptes europĂ©enne vient de rendre un rapport soulignant les limites du "registre de transparence".
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