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Un pro-cannabis sur une liste PS et les 35h qui "coûtent" 8.000 policiers sur le terrain ?

Conseiller régional Les Républicains et porte-parole de la campagne régionale de Valérie Pécresse en Ile-de-France, Geoffroy Didier invite France Info à vérifier son affirmation sur la liste socialiste qui compterait un partisan de la légalisation du cannabis. Il ne bluffait pas. Mais sur le nombre de policiers mécaniquement enlevés du terrain par les 35h, il est dans le faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Maxppp)

Le porte-parole de Valérie Pécresse pour la campagne régionales Les Républicains en Ile-de-France s'attaque à la composition de la liste de son adversaire socialiste : "Dans les listes de M. Bartolone au PS, il y a quelqu'un qui veut dépénaliser le cannabis et dépénaliser les drogues dures. Effectivement je suis inquiet et je me dis que la droite et la gauche ne véhiculent pas les mêmes valeurs. Vous regarderez et vous ferez le fact checking et ce sera l'intox-désintox du jour ", affirme Geoffroy Didier.

Vrai pour le cannabis...

Etant par nature curieux à France Info, nous avons voulu vérifier si le jeune avocat de profession ne se lançait pas dans un bluff digne d'un effet de prétoire. Rien de très compliqué car si à l'antenne Geoffroy Didier se drape dans une belle dignité pour ne pas nommer le co-listier de Claude Bartolone, la toge n'est apparemment pas assez longue pour couvrir son fil Twitter. Et là il cite le nom de Stéphane Gatignon, le maire de Sevran, en Seine-saint-Denis. Transfuge d'EELV, il a pris fin octobre la 5ème position sur la liste socialiste. Il est donc éligible.

Et il est vrai que Stéphane Gatignon est favorable à la légalisation du cannabis et la dépénalisation des autres drogues, pour les consommateurs, pas pour les trafiquants, précise-t-il. Il s'agit pour l'élu francilien de mieux contrôler les circuits et de prendre en charge les drogués au lieu de les considérer comme des criminels. Il avance l'exemple du Portugal, se positionne en faveur des salles de shoot et applaudit à la contraventionnalisation du cannabis comme une première étape. 

... Faux pour la police

Comme le conseiller régional d'Ile-de-France nous invitait à faire des vérifications, nous avons poursuivi. Interrogé sur la situation à Marseille, il regrettait le manque de policiers sur le terrain. Il reconnaît que la précédente majorité a eu tort de supprimer des postes. Mais la droite, dit-il, n'est pas seule à porter le chapeau : "Les 35 H dans la police ont fait en sorte qu'il y a une réduction aujourd'hui de 8.000 policiers sur le terrain ".

Mais cette fois le chiffre de 8.000 est faux. La police est passée aux 35h fin 2002 avec l'introduction des RTT, utilisées pour compenser un temps de travail hebdomadaire plus long. 

Puisqu'il y a plus de jours de congés, il y a donc des répercussions sur le terrain. Un rapport sénatorial de 2003, rédigé par le radical Aymeri de Montesquiou, chiffre ce qu'il appelle la perte de capacité opérationnelle à 5.543 équivalents temps plein exactement et non pas 8.000. La question du temps de travail des policiers s'avère particulièrement complexe en raison des aménagements nécessaires au maintient d'un service permanent. L'administration doit 17 millions d'heures aux fonctionnaires de police, principalement sous la forme de récupérations.

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