Présidentielle 2022 : on a vérifié trois déclarations de candidats sur la pollution de l'air et les gaz à effet de serre
Jusqu'au 1er tour de l'élection présidentielle, le 10 avril prochain, le "Vrai du Faux" passe au crible les déclarations des candidats sur les grandes thématiques du débat public. Jeudi 31 mars : la pollution de l'air et les gaz à effet de serre avec Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan et Philippe Poutou.
Alors que la France vient de connaître un épisode de pollution de l'air, la cellule Vrai du Faux a regardé de plus près les déclarations des candidats à la présidentielle sur cette thématique, y compris les gaz à effet de serre.
"La France ne représente que 1% des gaz à effet de serre dans le monde"
On commence avec Éric Zemmour. Selon le candidat Reconquête !, la responsabilité de la France dans les émissions mondiales est à relativiser : "Je dis simplement que la France représente 1% de ces émissions de CO2. Et que donc, nous n'avons pas à sacrifier les Français, et l'industrie française, sur l'autel de la lutte contre le réchauffement climatique."
Ce que dit le candidat est faux. Il a trouvé ce chiffre dans le rapport annuel sur l'énergie publié par le géant pétrolier BP, sauf que ce rapport s'intéresse seulement aux émissions produites sur le sol français et ne prend pas en compte les produits importés. Votre téléphone par exemple, il vient sûrement de Chine. Sa construction et son transport ont donc généré des gaz à effet de serre, mais ils ne sont pas mesurés dans le décompte d'Eric Zemmour.
Pourtant, d'après le Haut Conseil pour le climat, ces émissions importées sont en hausse continue depuis de nombreuses années et, surtout, elles sont désormais plus importantes que les émissions produites sur le territoire national.
"Les centrales à charbon polonaises et allemandes qui polluent la France tous les hivers"
Pour Nicolas Dupont-Aignan aussi, la responsabilité n'est pas que française concernant la pollution. "Le vrai problème de la pollution, ce sont les centrales à charbon polonaises et allemandes qui polluent la France tous les hivers", précise-t-il.
C'est faux. Si la pollution ne s'arrête pas aux frontières, on l'a vu récemment avec le sable du Sahara par exemple, il s'agit quand même d'épisode ponctuel et lié à la météo.
Concernant précisément les centrales à charbon, les réseaux de surveillance de la qualité de l'air en Île-de-France et dans le Grand Est n'ont pas relevé une hausse des particules caractéristiques du charbon depuis plusieurs années. D'ailleurs, une grande partie de la pollution au-dessus de nos têtes est surtout émise localement, essentiellement à cause du chauffage, du trafic routier, de l'agriculture ou encore de l'industrie.
"La pollution tue 40 000 personnes par an"
On termine avec les conséquences chiffrées de cette pollution par Philippe Poutou : "La pollution tue. Aujourd'hui il y a 40 000 personnes qui meurt de la pollution", selon le candidat du Nouveau parti anticapitaliste.
C'est plutôt vrai. Ce chiffre de 40 000 décès par an dans notre pays est une estimation de Santé publique France, réactualisée l'an dernier. Sauf que ce chiffre officiel est peut-être sous-estimé : c'est ce que dit une étude récente menée par Harvard avec une méthodologie différente. D'après elle, le nombre de décès en France pourrait être en réalité autour de 100 000 par an à cause de la pollution.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.