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"Plus de la moitié de la population mondiale mal vaccinée" : derrière cette estimation globale, des inégalités vaccinales criantes

Les déclarations alertant sur les risques d'une vaccination à deux vitesses à l'échelle mondiale se multiplient. Et il est vrai que les taux de vaccinés restent extrêmement bas dans certaines parties du monde.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
File d'attente pour la vaccination contre le Covid-19 à Karachi (Pakistan) le 29 juillet 2021 (ASIF HASSAN / AFP)

" Il est scandaleux que plus de la moitié de la planète soit si mal vaccinée et c'est risqué pour tout le monde " a déclaré le président de la commission médicale de l’AP-HP, Rémi Salomon, sur franceinfo jeudi 29 juillet. C'est vrai et cela masque des écarts entre pays encore plus importants.

Pays à faibles revenus : 1,1% de la population a reçu au moins une dose

En effet, si d'après un comptage réalisé par l'Agence France Presse à partir de sources officielles, comme d'après le site Our world in data (en anglais) plus de quatre milliards de doses de vaccin ont été injectées dans le monde, moins d'un tiers de la population mondiale a reçu au moins une dose. La part de la population mondiale totalement vaccinée n'est que de 14,2%.

La part de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin n'est même que de 1,1% au sein des pays à faibles revenus.

À l'échelle des continents et rapporté à leurs populations, l'Afrique est de loin le continent le moins vacciné, avec 4,8 doses administrées pour 100 habitants (dix fois moins que la moyenne mondiale qui est de 52 doses pour 100 habitants ). On y compte moins de 2 % de vaccinés. Certains pays n'ont pas du tout commencé leur campagne vaccinale, ou la commencent tout juste : Burundi, Erythrée, Tanzanie, mais aussi Corée du Nord et Haïti.

Un approvisionnement en vaccins toujours insufisant

Parmi les facteurs d'explication, une défiance massive envers les vaccins dans certaines régions mais aussi et surtout toujours un manque d'accès aux vaccins. Près de 90% des pays africains n'atteindront pas l'objectif mondial de vacciner un dixième de leur population d'ici septembre s'ils ne reçoivent pas d'urgence au moins 225 millions de doses de vaccins, avait prévenu l'Organisation mondiale de la Santé en juin. 

Il faut dire que le dispositif COVAX censé permettre à des Etats de recevoir gratuitement des doses n'a pas toujours bien fonctionné. Il n'a ainsi pu livrer qu'un peu plus de 135 millions de doses dans 136 pays, bien loin de ses objectifs de départ. Un nouveau mécanisme de financement a, en alliance avec la Banque mondiale, été mis en place. Il devrait permettre de vacciner 250 millions de personnes d'ici mi-2022. 

Reprise économique à deux vitesses

Au-delà des conséquences sanitaires locales si la vaccination ne progressait pas (reprise ou aggravation épidémique, risque de saturation des hôpitaux, hausse des cas graves et des décès), le risque est aussi le développement de nouveaux variants

Sur le plan économique, le Fond monétaire international a prévenu que si la reprise devrait être plus rapide que prévu au sein de pays développés, elle s'annonce en revanche plus lente qu'attendu dans les pays émergents et en développement, sur fond de fracture vaccinale. "L'accès aux vaccins est devenu la principale ligne de rupture divisant la reprise mondiale en deux blocs", souligne le FMI dans ses prévisions économiques mondiales. 

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