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Pierre Larrouturou dit-il vrai sur la lutte contre le chômage au Canada ?

L'économiste, candidat aux élections européennes pour le mouvement "Nouvelle donne", affirme qu'au Canada quand une entreprise a 20% de salariés en trop, au lieu de licencier 20% des gens, elle baisse le temps de travail de 20% et baisse les salaires. Et il y a un chèque qui arrive de l'Assurance chômage et de l'Etat. Les gens gardent 95% de leur revenu". Vrai ou faux ?
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Vrai

Ce programme existe dans toutes les provinces du Canada depuis les années 80. Il s'appelle le programme de travail partagé. L'entreprise doit démontrer qu'elle est victime d'une baisse d'activité inhabituelle d'au mois 10% depuis 6 mois. Elle fait une demande à un organisme public qui s'appelle Service Canada. Ensuite, elle peut baisser la durée du temps de travail jusqu'à 40% maximum en accord avec les salariés.

Le programme dure en général 26 semaines et peut être prolongé de 12 semaines supplémentaires.

Salaires

Les salariés voient leur salaire baisser puisqu'ils travaillent moins, mais l'assurance chômage, qui s'appelle au Canada Assurance emploi, verse de l'argent au salarié qui peut finalement toucher environ 85 à 95% de son ancien salaire à temps complet.

Gagnant-gagnant

Ce système sert l'employeur et le salarié. Diane-Gabrielle Tremblay, professeur d'économie à l'Université du Québec a fait son mémoire de maitrise sur le sujet. Elle explique que "l'avantage pour les employeurs, c'est clairement de maintenir leur main d'œuvre. Les salariés ne vont pas chercher d'emploi ailleurs. Lorsqu'il y a reprise, les salariés sont toujours disponibles pour revenir immédiatement. L'entreprise n'a donc pas à en former de nouveaux. Et du coté des salariés, évidemment, c'est une réduction de temps de travail en partie compensée sur le plan du salaire ". 

Pas à tous les coups

Le système ne fonctionne pas dans tous les cas de figures. Toutes les entreprises ne peuvent pas prouver qu'elles connaissent des difficultés temporaires. Et puis, 38 semaines maximum pour ce programme, ça ne suffit pas forcément. Quand un secteur économique est frappé par une crise de plusieurs années, le programme travail partagé ne peut bien-sur pas s'appliquer.

Politique stricte des indemnisations

Au Canada, à coté de ce programme d'aide, la lutte contre le chômage peut aussi être plus rude pour les demandeurs d'emploi. En 2013, le gouvernement a durci les conditions d'indemnisation.

Par exemple, les Canadiens qui perdent leur emploi sont contraints d'accepter des postes qui ne correspondent pas forcément à leurs compétences et qui peuvent être moins bien payés (70% de l'ancien salaire). S'ils refusent, les indemnités sont supprimées. 

Le taux de chômage du mois d'avril au Canada a été publié vendredi. Il est de 6,9%.

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