L'euro et la Croissance Jean-Luc Mélenchon étaitl’invité de France Info lundi dernier à 8h15. Le candidat dénonce alorsce qu’il appelle la "politique aberrante" de la banque centraleeuropéenne. Il estime qu’il faudrait de l’inflation pour desserrerl’emprise de la dette publique sur la France. Ensuite, il affirme que "sil’euro perdait 10% de sa valeur […] nous gagnerions 1 point de progrèsde notre développement" , en clair 1 point de croissancesupplémentaire. Vrai ou faux ? Faux ! Ou entout cas exagéré.Si l’on se réfère à une note de conjoncture de l’INSEEde juin 2010, il est noté que l’euro a perdu 16% de sa valeur entrenovembre 2009 et mai 2010. Et l’Institut National de la Statistique etdes Etudes Economiques a chiffré le gain de croissance à seulement 0,5%sur l’année 2010 du fait de la dépréciation de la monnaie unique face audollar. Ce chiffre de 0,5% est également cité par leséconomistes Michel Didier, le président de Coe-Rexecode, le Centred’observation économique et de Recherche pour l’Expansion de l’économieet le Développement des Entreprises, Philippe Crevel, secrétaire généraldu Cercle des Epargnants. Quand à Philippe Trainar, membre du conseild’analyse économique, il estime lui que le gain de croissance serait de0,5% … sur 2 ans, donc 0,25% par an. Mécanismefavorable Pour autant, les économistes sont d’accord avecJean-Luc Mélenchon sur les vertus d’une baisse de l’euro quand celui-ciest manifestement trop cher face aux autre devises, notamment le dollar. Un euro plus faible, ce sont des produits exportés moins chers horszone euro, qui se vendent donc mieux, ce qui booste véritablement lesexportations françaises.Reste qu’il existe des effetssecondaires importants qui viennent éroder l’effet initial .D’abord, sil'euro baisse, ca ne concerne que les nouveaux contrats signés par lesentreprises ; l'effet est différé sur les exportations.Parailleurs, quand l'euro baisse, les prix des importations de matièrepremières et d'équipement augmentent, ce qui fait finalement monter lescoûts de production des produits français. Cela pénalise aussi leconsommateur français qui paie plus cher un bien venu de l'étranger etqui a moins d’argent pour consommer en France et qui voudra aussi uneaugmentation de salaire et qui fera monter les coûts (français).Dernière chose (évidente, mais toujours bonne à rappeler), cette baissede l'euro n'a un effet que sur les exportations hors zone euro, alorsque la France vend pour les 2 tiers dans la zone euro. Au final, on levoit, l'effet baisse de l'euro est donc très amorti. Lesimpôts 2012Michel Sapin, chargé du projet présidentiel deFrançois Hollande était l’invité de France Info jeudi à 8h15. Interrogésur la TVA sociale, il dénonce "une fiscalité de plus en plusinjuste" . Il affirme ensuite que "cette année, en 2012, tous lesimpôts vont augmenter sauf un, l’Impôt sur la fortune qui, lui, vabaisser" .Vrai ou faux ? Faux ! Même s’ilfaut regarder les choses de près.Il existe en France des dizainesde prélèvements. Sur cette masse, il y a des taxes qui ne vont pasaugmenter en dehors de l’ISF. Par exemple, la Taxe Intérieure sur lesProduits Pétroliers, la fameuse TIPP.Donc, littéralement, dire quetous les impôts vont augmenter sauf l’ISF est faux.Les grandsimpôts augmentent Reste que sur ces dizaines d’impôts, il y aentre dix et douze grands impôts qui vont monter, comme le préciseVincent Drezet, secrétaire national du Syndicat National Unifié desImpôts : «La TVA, avec notamment l’augmentation du taux réduit qui vapasser de 5,5% à 7% ; c’est également vrai pour l’impôt sur le revenupuisque son barème va être celui de l’année dernière, ce qui va donc setraduire toute chose étant égale par ailleurs par une augmentation del’impôt sur le revenu cette année ; c’est également vrai pour la CSG qui va également augmenter puisqu’au lieu d’être calculée sur 97% dusalaire brut elle va être calculée sur 98% , et puis c’est vrai aussipour les droits sur les alcools et les tabacs par exemple». L'ISFva baisserEnfin, l’Impôt de Solidarité sur la Fortune va bel etbien baisser, comme l’affirmait Michel Sapin. Son plancher a étéfortement relevé : on ne paie plus l’ISF à partir de 800.000 euros depatrimoine net, mais à partir d'1 million 300.000 euros. Résultat, cetimpôt rapportera cette année à l’Etat environ deux fois moinsqu’auparavant, avec une recette estimée autour de deux milliardsd’euros.