Marisol Touraine dit-elle vrai sur le tabagisme des femmes enceintes ?
Vrai
Selon les chiffres 2010 de l'Enquête
nationale sur la consommation de substances psychoactives, 24 % des femmes
enceintes déclarent fumer quotidiennement. Soit deux fois plus que la moyenne
européenne : la plupart de nos voisins affichent des prévalences entre 10 et 15 %.
Ce phénomène est pourtant la suite logique de l'épidémie de tabac. Les hommes, qui ont commencé les premiers à fumer, sont maintenant de moins en moins nombreux. On assiste à présent à "une vague de femmes fortement dépendantes au tabac", explique le
professeur Bertrand Dautzenberg, président de l'Office de prévention du
tabagisme. Arrivées à l'âge moyen de la première grossesse, qui recule également, "les femmes fumeuses sont plus nombreuses que dans le passé", poursuit le médecin.
De plus, les pratiques mises en
place en France pour favoriser l'arrêt du tabac pendant la grossesse ne
fonctionnent pas : un rapport alarmant sera remis la semaine prochaine à la
ministre de la Santé.
Surmortalité des bébés
Les risques sont pourtant connus :
deux fois plus d'enfants morts nés pour des femmes qui ont fumé pendant sa grossesse, et deux
fois plus de morts subites du nourrisson.
Arrêter de fumer
durant le premier trimestre de grossesse, et même avant — c'est plus facile — supprime quasiment ces risques de surmortalité. Des risques liés essentiellement
au monoxyde de carbone dégagé par le tabac, particulièrement nocif pour le
bébé.
La meilleure des préventions
consiste évidemment à ne pas exposer les adolescentes au tabagisme. Mais il y a fort à faire : "La moitié des jeunes filles de 12 ans peuvent acheter des cigarettes chez les buralistes alors que ceux-ci reçoivent des dizaines de milliers d'euros pour être des agents de santé publique. Ils doivent donc être sanctionnés pour ne pas faire leur travail", insiste le professeur Dautzenberg. "C'est en rendant les jeunes adolescentes dépendantes, que les femmes vont être enceintes en étant fumeuses. Leur enfant, devenu adolescent, aura plus de risques d'être à son tour dépendant au tabagisme : le risque se perpétue de génération en génération", dénonce le spécialiste du poumon à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Chez les jeunes,
le dernier rempart avant la cigarette reste le prix. Ce qui explique le succès
grandissant due tabac à rouler : deux fois moins cher que la
cigarette, il est beaucoup plus nocif car il dégage encore plus de
monoxyde de carbone.
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