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"Les réserves parlementaires des frondeurs socialistes servent à alimenter l'Unef"

Selon le président du groupe socialiste au Sénat, Didier Guillaume, la réserve parlementaire des députés "frondeurs" du PS est utilisée pour financer l'Union des étudiants de France (Unef). C'est faux.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Didier Guillaume au Sénat en janvier 2016. © Maxppp)

Au lendemain de la nouvelle journée de mobilisation contre la loi Travail, nous nous intéressons ce vendredi au financement de l’Unef, l’un des principaux syndicats étudiants qui appelaient à manifester. Jeudi matin sur France Info, le président du groupe socialiste au Sénat, Didier Guillaume, a affirmé que des députés socialistes finançaient le syndicat étudiant, actuellement dirigé par William Martinet : "J’ai compris que les réserves parlementaires des frondeurs socialistes servaient à alimenter son mouvement. C’est public !

C’est faux, et plutôt facile à vérifier, car comme le dit Didier Guillaume, ces documents sont publics. Rappelons que la réserve parlementaire est à la disposition de chaque député pour soutenir des investissements de proximité ou des associations. Oui, l’Unef en a bénéficié, mais non, pas plus de la part de députés frondeurs que de la part d’autres députés.

Qui a versé une partie de sa réserve parlementaires à l’Unef ?

En 2015, sur les dix députés qui ont versé une partie de leur réserve parlementaire à l’Unef, seuls trois appartiennent au camp dit des “frondeurs” : Michel Pouzol, Benoît Hamon et Pouria Amirshahi, comme en témoigne le document officiel accessible sur le site de l'Assemblée nationale. Les autres ne peuvent pas être taxés de “frondeurs”. Au contraire. Meilleur exemple, le député de Haute-Garonne Christophe Borgel, un fidèle de Manuel Valls. Il a donné 8 000 euros à l'Unef en 2015.

Au total, ces dix députés ont versé au syndicat étudiant 67 500 euros issus de leur réserve parlementaire. C’est une somme, mais une infime partie du budget de l’Unef (environ 1 million d’euros par an). Les montants versés par les députés sont variables : cela va de 3 000 euros pour les plus faibles, à 10 000 euros pour les plus généreux. Et tous ces députés ”donateurs”, quasiment, appartiennent au groupe socialiste à l’Assemblée. Donc il n'y a pas que des "frondeurs". En revanche, on voit qu’il existe une réelle proximité entre le PS et l’Unef, contrairement aux déclarations il y a quelques jours de son ancien président Bruno Julliard.

Proximité politique

Le syndicat ne cache d’ailleurs pas son engagement plutôt à gauche, à l’inverse de son homologue, classé à droite, qu’est l’Uni, et qui bénéficie aussi, selon les années, de subventions de députés Les Républicains. Une proximité politique que l’on voit en prenant la liste des dix députés qui ont “alimenté” – pour reprendre l’expression de Didier Guillaume – l’Unef en 2015. Plusieurs sont passés par le syndicat quand ils étaient eux-mêmes étudiants : Benoît Hamon, par exemple, mais aussi Pouria Amirshahi et Christophe Borgel qui l’ont tout deux présidé.

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